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Présidentielle 2022 : le vrai du faux des affirmations des candidats lors du débat Macron – Le Pen

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Author(s): Grégoire Ryckmans

Ce mercredi soir, le débat du second tour de l’élection présidentielle française opposait le président sortant, Emmanuel Macron à la candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen. Durant près de trois heures, les deux candidats ont échangé leurs arguments autour de thématiques telles que : le pouvoir d’achat, le conflit en Ukraine, l’écologie, l’éducation ou la sécurité. À plusieurs reprises, l’une et l’autre se sont accusés de ne pas dire la vérité ou de se tromper. Mais qu’en est-il vraiment ? Des deux côtés, des contrevérités ont été exprimées.

Lors du débat qui a opposé Marine Le Pen à Emmanuel Macron, les deux protagonistes ont à certaines reprises fait des déclarations sur des chiffres ou des faits.

Plusieurs rédactions sont revenues sur une série de ces affirmations en tentant d’en évaluer la véracité via leurs rubriques de fact checking (vérification des faits). “Les décodeurs” du Monde, “Vrai ou Fake” de France Info et “CheckNews” de Libération ont décrypté le débat.

Nous vous proposons un petit tour d’horizon de ces vérifications au travers des différentes thématiques abordées lors de la joute verbale qui a opposé la présidente sortant et la candidate d’extrême droite.

Le pouvoir d’achat

“L’inflation est supérieure d’un point à la croissance” (Marine Le Pen)

L’inflation en France est supérieure d’un point à la croissance, d’après Marine Le Pen : c’est plutôt vrai.

Sur le pouvoir d’achat, Marine Le Pen a défendu sa proposition de supprimer la TVA sur un panier de biens de première nécessité, tant que l’inflation est supérieure d’un point à la croissance. Des conditions que la candidate juge réunies. Elle ne s’appuie pas sur des chiffres relevés, mais sur des prévisions de la Banque de France pour l’année 2022. Celle-ci projette, dans son “scénario dégradé”, une croissance de 2,8% cette année et des prix à la consommation en hausse de 4,4%. Si ces prévisions se vérifient (en mars, l’inflation en France a bondi de 4,5% sur un an), l’ordre de grandeur donné par Marine Le Pen est donc inférieur à la réalité dans le contexte actuel.

“Face aux prix de l’énergie, nous avons fait le bouclier qui consistait à bloquer les prix de l’électricité et du gaz. […] Vous aviez voté contre ce bouclier énergétique !” (Emmanuel Macron)

Le Rassemblement national a voté contre le “bouclier énergétique” à l’Assemblée nationale, assure Emmanuel Macron : c’est vrai.

À plusieurs reprises durant le débat, Emmanuel Macron a accusé Marine Le Pen d’avoir voté contre le projet de ” bouclier ” énergétique. La députée et candidate du RN a effectivement voté contre le “volet recette” du projet de loi de finances 2022, qui contenait cette mesure, lors de la première lecture du texte, le 19 octobre et adopté en première lecture avec 349 voix pour et 205 contre, Marine Le Pen figurait parmi les opposants. Vous pouvez le constater sur le site de l’Assemblée nationale (parmi les députés non inscrits). La candidate d’extrême droite n’était pas présente dans l’hémicycle lors du vote définitif sur le projet de loi de finances, le 15 décembre. Les autres députés de son parti ont voté contre.

“Le pouvoir d’achat des Français a augmenté” (Emmanuel Macron)

Le pouvoir d’achat des Français a-t-il augmenté depuis cinq ans, comme l’a affirmé Emmanuel Macron ? : c’est plutôt vrai.

Si, sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, le pouvoir d’achat devrait effectivement croître de 4% en moyenne pour l’ensemble des Français, difficile de dire, pour l’instant, pour quelle catégorie il aura plus ou moins progressé. Dans une note de mars, l’OFCE a cependant réalisé des projections, “à prendre avec prudence”, qui semblent confirmer que le pouvoir d’achat devrait augmenter de 5,3% pour les 10% les plus modestes, contre 3% pour les 10% pour les plus aisés. Un bénéfice plus important, donc, pour les moins aisés, mais davantage lié à la reprise de l’emploi qu’aux mesures décidées sous le quinquennat. Car ces dernières ont surtout bénéficié, elles, au haut de l’échelle des revenus.

“[…] baisser de manière pérenne la TVA sur l’énergie de 20% à 5,5%” (Marine Le Pen)

Est-il possible de mettre en place une TVA à 5,5% sur les carburants “de manière pérenne“, comme le souhaite Marine Le Pen ? : c’est plutôt faux.

Marine Le Pen souhaite “baisser de manière pérenne la TVA sur l’énergie de 20% à 5,5%”. C’est une mesure de son programme qui concerne à la fois le carburant, le gaz, l’électricité et le fioul. Elle a encore répété lors de ce débat de l’entre-deux-tours son souhait d’appliquer une TVA réduite sur l’énergie pour faire baisser les factures des Français.

Problème : pour les taxes sur les carburants, tout du moins, c’est loin d’être aussi simple comme l’expliquent nos confrères de Libération. Car le taux “normal” de la TVA à 20% sur les carburants en France est régi par le droit européen, qui ne prévoit pas qu’une baisse en dessous de 15% puisse être définitive.

“Il y a 400.000 pauvres supplémentaires sous votre quinquennat. Nous sommes donc dans un pays où il y a 9,8 millions de pauvres au moment où nous nous parlons.” (Marine Le Pen) 

Y a-t-il 9,8 millions de pauvres en France, et 400.000 de plus qu’en 2017 comme l’a affirmé Marine Le Pen ? : c’est plutôt vrai.

Face à Emmanuel Macron, la candidate d’extrême droite a souligné qu’“il y a 400.000 pauvres supplémentaires sous votre quinquennat. Nous sommes donc dans un pays où il y a 9,8 millions de pauvres au moment où nous nous parlons”.

S’il est encore trop tôt pour mesurer l’évolution de la pauvreté en France durant les cinq années précédentes, une note de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques françaises) constate qu’il y avait 8,9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en 2017, contre 9,3 millions (estimation sur la base de microsimulation) pour l’année 2020, soit 400.000 de plus.

En revanche, comme l’indique “CheckNews”, le nombre de 9,8 millions de pauvres cité par Marine Le Pen correspond, lui, à l’année 2018.

Le chômage et l’emploi

“Vous n’avez jamais fait baisser le chômage.” (Marine Le Pen)

La candidate du Rassemblement National a estimé que le président sortant n’avait pas fait reculer le chômage durant son quinquennat : c’est faux.
Emmanuel Macron a raison lorsqu’il affirme que le taux de chômage est passé de 9,6% à 7,4% entre 2017 et 2022. Ce sont les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), calculés selon la définition internationalement reconnue du Bureau international du travail (BIT). Ce taux de 7,4% est le plus bas depuis quinze ans, ou presque, puisqu’il faut remonter à 2008 pour retrouver un niveau approchant, décryptent les Décodeurs du Monde. Et si l’on veut parler du chômage, cet indicateur est tout à fait pertinent, pointent nos confrères.

“C’est 1,2 million de Françaises et Français qui ont retrouvé un travail.” (Emmanuel Macron)

Environ “1,2 million” de personnes “ont retrouvé un travail” durant le quinquennat selon le président français sortant : c’est vrai.

Entre janvier 2017 et septembre 2021, environ 1,03 million d’emplois salariés ont été créés en France, malgré la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, qui a provoqué la destruction de centaines de milliers d’emplois en 2020. Si on ajoute les 246.000 emplois non-salariés créés entre 2017 et 2020, selon l’Insee, on arrive bien au 1,2 million d’emplois créés évoqués par Emmanuel Macron.

“Vous avez perdu 14.500 emplois industriels sous le quinquennat.” (Marine Le Pen)

L’industrie a-t-elle perdu de 14.500 emplois en cinq ans comme l’a avancé Marine Le Pen lors du débat ? : c’est faux.

Libération s’est plongé dans les chiffres de l’Institut national des statistiques et des études économiques en France. Il en ressort que le pays comptait, fin 2021, 25,9 millions d’emplois salariés, dont 3,13 millions dans l’industrie, selon l’Insee. Soit une hausse, par rapport au début du quinquennat, de 957.200 emplois salariés totaux, mais une baisse de 3900 postes dans l’industrie (hors intérim). Autrement dit, l’industrie a bien perdu, en net, près de 4000 emplois sur le quinquennat (et non 14.500), tandis que l’emploi salarié global progressait de près d’un million sur la même période. Mais la tendance est à nouveau à la hausse dans l’emploi industriel.

Les retraites

“A 62 ans et 8 mois, [les gens] sont déjà la moitié à être en inactivité au moment où ils prennent leur retraite” (Marine Le Pen)

Une personne sur deux est-elle inactive au moment de prendre sa retraite, comme l’a affirmé Marine Le Pen pour justifier son opposition au report à 65 ans de l’âge légal de départ proposé par Emmanuel Macron ? : c’est plutôt vrai.

En réalité, la candidate d’extrême droite mélange ici deux notions différentes. Check News est revenu sur cette déclaration de la candidate. En réalité, la candidate d’extrême droite mélange ici deux notions différentes : la situation des Français quand ils atteignent l’âge moyen de départ à la retraite (environ 63 ans aujourd’hui), sans partir forcément à la retraite en réalité, et la situation des personnes au moment où elles partent réellement à la retraite, et qui n’a pas lieu au même âge pour tous. Si, dans le premier cas, elle a tort, elle a plutôt raison dans le second : seules 56% des personnes partant à la retraite sont encore en activité.

“L’indexation des [pensions de] retraites n’a pas été respectée lors des cinq dernières années.” (Marine Le Pen)

Les pensions de retraite n’ont pas été indexées sur l’inflation durant le quinquennat, selon Marine Le Pen : c’est plutôt vrai.

Interrogée sur le dossier des retraites, Marine Le Pen a plaidé pour une revalorisation des pensions, estimant que “l’indexation des retraites n’a pas été respectée”, au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron.

La loi prévoit depuis 30 ans que les pensions de base doivent être indexées sur l’inflation, donc revalorisées en fonction de la hausse des prix. Mais en pratique, plusieurs gouvernements ont choisi de contourner cette loi via la loi de finances de la Sécurité sociale, votée chaque année. Cela permet de sous-indexer les retraites, comme cela a été le cas lors du quinquennat d’Emmanuel Macron. En 2019, par exemple, les retraites n’ont été augmentées que de 0,3%, alors que l’inflation était de 1,8%.

Les positions face à la Russie et l’Ukraine

“Vos positions ne correspondent pas aux positions que votre parti et vos parlementaires défendent au Parlement européen.” (Emmanuel Macron)

Les parlementaires du groupe ID auquel appartient le Rassemblement National au Parlement européen se sont-ils “opposés” à une aide financière à l’Ukraine : c’est plutôt vrai.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés sur la question du vote des élus du Rassemblement national au Parlement européen. Le président sortant a assuré que les eurodéputés RN se sont “opposés” à une aide financière à l’Ukraine. La candidate d’extrême droite a assuré que c’était “faux”. Pourtant, le chef de l’Etat français dit vrai.

Le président candidat a fait référence au prêt de 1,2 milliard d’euros à l’Ukraine approuvé par le Parlement européen, voté le 16 février dernier. Dans son rapport daté du même jour, le Parlement européen liste l’ensemble des votes. Sous la proposition “assistance macrofinancière à l’Ukraine” (pages 12-13), le détail des votes confirme que les membres du groupe ID (Identité et Démocratie), auquel appartient le RN, ont voté contre la proposition d’aide financière à l’Ukraine. Jordan Bardella, Dominique Bilde ou encore Thierry Mariani se sont bien opposés à cette proposition.

Depuis des années, les eurodéputés du Rassemblement national votent en effet systématiquement contre les initiatives du Parlement européen pour sanctionner la Russie.

Ils ont en revanche commencé à amender leur position après l’invasion en Ukraine, en approuvant le 1er mars un paquet de sanctions contre l’économie et les élites russes. Mais ils étaient tous absents le 7 avril pour voter le dernier renforcement des sanctions.

“Parce que vous dépendez du pouvoir russe et que vous dépendez de Poutine. Parce que quelques mois après avoir dit cela, madame Le Pen, vous avez contracté un prêt en 2015 auprès d’une banque russe, la First Czech-Russian Bank, proche du pouvoir, en septembre 2014. Puis vous avez reboutiqué ce prêt auprès d’autres acteurs.” (Emmanuel Macron)

Le RN a contracté un prêt auprès d’une banque russe, selon Emmanuel Macron : c’est vrai.

Sur la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a tenté de pointer les ambiguïtés de sa rivale face à la Russie, assurant que Marine Le Pen “dépend” de Vladimir Poutine. Ce prêt évoqué par le président candidat a effectivement été contracté, mais Marine Le Pen réfute tout lien entre l’existence de ce contrat et ses positions vis-à-vis de la Russie.

Pour financer la campagne des régionales et départementales en 2015, le Front national, devenu Rassemblement national, a bien contracté en 2014 un prêt de 9 millions auprès de la First Czech-Russian Bank (FCBR). Le parti doit rembourser cet emprunt jusqu’en 2028. Or, la FCBR a fait faillite en 2016. La créance a donc été cédée à une entreprise russe de location de voitures, Conti, puis revendue à Aviazaptchast, firme dirigée par d’anciens militaires russes.

Comme le rappellent nos confrères de “vrai ou fake” Marine Le Pen et son parti assurent cependant que ce prêt n’a aucune incidence sur ses relations avec la Russie. La candidate affirme n’avoir eu d’autre choix que de bénéficier de financements étrangers, en raison des difficultés à obtenir des prêts auprès des banques françaises, rappelle Le Monde (article réservé aux abonnés).

“On nous annonce d’ailleurs qu’il [un embargo sur le pétrole russe] serait négocié par l’Union européenne après l’élection présidentielle française.” (Marine Le Pen)

L’UE attend-elle la fin de la présidentielle française pour annoncer un embargo sur le pétrole russe, comme l’affirme Marine Le Pen ? : c’est invérifiable, à ce stade.

L’Europe jouerait-elle la cachottière pour faire plaisir à Emmanuel Macron en attendant sa réélection ? À propos d’un nouvel embargo sur les hydrocarbures de Moscou, Marine Le Pen a affirmé lors du débat que celui-ci serait négocié après le deuxième tour de l’élection présidentielle française. Un article du New York Timesdéjà largement cité ces derniers jours par les soutiens de la candidate RN, évoque en effet explicitement cette petite cuisine en citant des sources anonymes. Emmanuel Macron a cependant réfuté cette affirmation avant le débat, pointant une autre raison à la lenteur de cette décision, également cité par le quotidien américain : la frilosité de certains Etats membres de l’Union, dont l’accord unanime est nécessaire.

“[Vous avez été] l’une des premières à reconnaître l’annexion de la Crimée.” (Emmanuel Macron)

Marine Le Pen et le groupe politique auquel le RN appartient au Parlement européen soutiennent-ils la Russie ? : c’est plutôt vrai.

Le président français sortant a accusé Marine Le Pen d’avoir soutenu la Russie lors de l’annexion de la Crimée en 2014. Pour répondre à Emmanuel Macron, l’accusant d’être influencée par ses liens avec la Russie, Marine Le Pen a montré sur le plateau un tweet dans lequel elle soutenait l’Ukraine dès 2014.

“L’Ukraine sans la Crimée”, lui a rétorqué le candidat LREM. Justement. Car depuis 2014, la candidate maintient que la Crimée n’a pas été annexée par la Russie.

Par ailleurs, la candidate du Rassemblement national a affirmé “être d’accord” avec toutes les sanctions contre Moscou. Une position qui a de quoi surprendre : au Parlement européen, son parti a systématiquement voté contre les sanctions qui visaient la Russie jusqu’à l’invasion de l’Ukraine. Le parti a par exemple voté à l’unanimité contre la résolution du Parlement européen d’avril 2021 qui visait à condamner la Russie pour ses attroupements à la frontière ukrainienne, pour la persécution d’Alexeï Navalny et pour l’implication de Moscou dans le sabotage d’un dépôt de munition tchèque en 2014.

La dette publique et l’impact du Covid-19

“Vous êtes le président qui a créé 600 milliards de dette supplémentaire en cinq ans, dont deux tiers qui n’ont rien à voir avec le Covid.” (Marine Le Pen)

600 milliards de dette publique supplémentaire ont été accumulés sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, dont “deux tiers” non liés à la crise sanitaire, selon Marine Le Pen : c’est en partie vrai.

Marine Le Pen a taclé Emmanuel Macron sur sa gestion des finances publiques, fustigeant la très forte augmentation de la dette publique pendant son quinquennat. Mais quelle est la part du Covid dans cette hausse de 600 milliards d’euros de dette sous Emmanuel Macron ?

“Ne me donnez pas de leçons sur le financement de mon projet, car quand on a 600 milliards de dettes au compteur, on reste modeste”, a lancé Marine Le Pen. “Les 600 milliards d’euros de dettes, c’est 200 milliards de l’Etat. Le reste, c’est la sécurité sociale et les collectivités locales, lui a répondu Emmanuel Macron. Pourquoi ? Car vu que les gens ne pouvaient plus travailler [à cause de la crise sanitaire], on n’a pas relevé leurs cotisations.”

Selon François Ecalle, ancien magistrat de la Cour des comptes interrogé par CheckNewsplus de la moitié de l’augmentation de la dette correspondait bien au coût de la crise sanitaire.

La dette est passée de 2231,7 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre 2017, qui correspond au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, à 2813,1 milliards d’euros à la fin du quatrième trimestre 2021, selon l’Insee. Soit 581,4 milliards d’euros de plus. Au cours des débats à l’Assemblée sur le budget 2022, le montant de 680 milliards d’euros de dette publique sur la durée du quinquennat a été avancé par plusieurs députés.

La sécurité et l’immigration

“[J’ai] créé 10.000 postes de policiers et de gendarmes [qui] sont maintenant sur le terrain.” (Emmanuel Macron)

Y a-t-il 10.000 policiers et gendarmes de plus sur le terrain qu’en 2017, comme l’affirme Macron ? : c’est faux.

Pour commencer, Libération indique que le chiffre évoqué par l’actuel président français porte sur une période de six ans qui comprend 2017, année dont le budget a été voté sous la présidence précédente. De plus, l’indicateur retenu est l’équivalent temps plein (ETP), qui ne tient pas compte de la durée de travail effectuée sur l’année par les agents. En comptabilisant les effectifs en équivalent temps plein travaillé (ETPT), indicateur plus précis, le nombre de nouveaux postes sur les cinq dernières années se situerait plutôt autour des 5500. Enfin, cette hausse des moyens humains ne s’est pas forcément accompagnée d’une présence accrue des forces de l’ordre sur le terrain. Un rapport de la Cour des comptes, portant sur la période 2010-2020, indique que c’est même le contraire.

“Je dis qu’à 80%, les chiffres qu’il y a derrière ces augmentations, ce sont ces violences intrafamiliales.” (Emmanuel Macron)

Les violences aux personnes sont, dans huit cas sur dix, des violences intrafamiliales, selon Emmanuel Macron : c’est faux.

Emmanuel Macron s’est un peu emmêlé les pinceaux dans ses chiffres, analyse France Info. En 2021, 306.700 cas de coups et blessures volontaires sur des personnes de 15 ans et plus ont été recensés par les autorités, d’après le dernier état des lieux sur la délinquance. Parmi eux, on dénombrait 157.500 cas de violences intrafamiliales. Ces violences représentaient donc un peu plus de la moitié des cas de coups et blessures relevés.

Les “80%” évoqués par Emmanuel Macron correspondent vraisemblablement à la hausse de 82% du nombre de victimes déclarées de violences sexuelles entre 2017 et 2021. Les violences intrafamiliales ont, elles, augmenté de 57% sur la même période. Lors de la publication de ces chiffres, en janvier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, reprenait la même argumentation que celle du chef de l’Etat, expliquant que ces “tendances s’inscrivent dans le contexte de la libération de la parole et de la meilleure prise en considération de ce sujet par les forces de l’ordre”.

“Il n’y a que 10% d’exécution des obligations de quitter le territoire.” (Marine Le Pen)

Selon Marine Le Pen, neuf obligations de quitter le territoire français sur dix ne sont pas appliquées : c’est plutôt vrai.

Marine Le Pen a estimé que la politique migratoire d’Emmanuel Macron était laxiste et a affirmé que neuf obligations de quitter le territoire sur dix n’étaient pas appliquées. Cet ordre de grandeur est vrai, mais il doit tout de même être mis en perspective comme l’indique “vrai ou fake“.

Dans son volet “immigration, asile et intégration”, le dernier projet de loi de finances évoque des “taux d’exécution des décisions d’éloignement qui demeurent minimes”. En 2019, année la plus récente hors crise sanitaire, sur 122.839 obligations de quitter le territoire français (OQTF) prononcées, 14.777 seulement ont été exécutées. Soit 12%. A titre de comparaison, le taux de d’exécution s’élevait à 16,7% en 2011 et avait atteint un pic à 22,3% en 2012. A noter qu’entre 2011 et 2019, le nombre d’OQTF prononcées a plus que doublé.

Le voile islamique

“[La France deviendrait] le seul pays à interdire le voile dans la rue” (Emmanuel Macron)

Aucun autre pays n’aurait déjà pris la décision d’interdire le voile islamique dans la rue comme souhaite le faire Marine Le Pen si elle est élue : c’est vrai.

Contrairement à ce qu’affirmait la candidate du Rassemblement National, le président Habib Bourguiba n’a pas interdit le voile dans la rue.

Alors que Marine Le Pen défendait sa proposition d’interdire le voile dans la rue, Emmanuel Macron a rappelé la double bourde, il y a quelques jours, de son adversaire qui présentait sur France Inter le président Habib Bourguiba comme le dirigeant qui aurait interdit le voile dans la rue en Algérie. A tort, et pas simplement parce qu’il fut le président tunisien. Car Bourguiba n’a jamais interdit le voile dans l’espace public. La décision de l’interdire ne concernant que les écoles et l’administration. Marine Le Pen a persisté. Dans l’erreur.

Le climat

On a doublé le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur ce quinquennat […] (Emmanuel Macron)

Emmanuel Macron a-t-il vraiment doublé le rythme de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? : c’est plutôt faux.

Ce chiffre de +100% avancé par Emmanuel Macron est surévalué. Entre le début et la fin du quinquennat Hollande, les émissions de gaz à effets de serre en France métropolitaine avaient baissé d’environ 5%. Entre fin 2017 et fin 2021, elles ont chuté d’environ 6,9%. Cette baisse plus forte, mais pas dans les proportions indiquées par Emmanuel Macron, est notamment portée par les mesures de confinement prises en 2020, et la baisse d’activité associée, analyse CheckNews.

C’est le modèle économique fondé sur le libre-échange qui est responsable d’une grande partie de l’émission des gaz à effet de serre en France, 50%. (Marine Le Pen)

Les importations “représentent 50% des émissions de gaz à effet de serre” pour la France, selon Marine Le Pen : c’est plutôt vrai.

Le Haut Conseil pour le climat en France considérait en 2020 que, sur les 11,5 tonnes d’équivalent CO2 émises par chaque Français, 4,8 tonnes sont importées, c’est-à-dire émises à l’étranger dans le cadre de la production de biens ou de services importés en France.

“Vous êtes climatosceptique (Emmanuel Macron)

Marine Le Pen est-elle (ou a-t-elle été) climatosceptique comme l’en a accusé Emmanuel Macron lors du débat ? : c’est plutôt vrai.

“Vous êtes climatosceptique”, a lancé le président LREM à Marine Le Pen. Ce à quoi elle a répondu : “Je ne suis absolument pas climatosceptique. En revanche, vous, vous êtes climato-hypocrite !”

En 2012, la candidate du RN mettait pourtant en doute le travail du Giec et ses conclusions sur le changement climatique. Elle fustigeait ainsi : “Le Giec, c’est le consensus de ceux qui ont la parole. Ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique.” Une position ambivalente sur le climat qu’elle hérite du Front national, rappelle Libération.

“[À propos de l’énergie nucléaire], vous dites que vous vous êtes trompés” (Marine Le Pen)

Emmanuel Macron a-t-il changé d’avis sur le nucléaire en cinq ans, comme l’affirme Marine Le Pen ? : c’est plutôt vrai.

En 2017, le candidat Emmanuel Macron voulait garder le cap de 50% d’électricité d’origine nucléaire en 2025 fixé sous Hollande. En 2018, il annonçait sa volonté de mettre à l’arrêt douze réacteurs en sus de ceux de Fessenheim. Cependant, ces derniers mois, il a lancé la construction de nouveaux réacteurs et appelé à prolonger la durée de vie du parc existant au-delà de cinquante ans.

“Je crois que vous voulez mettre des éoliennes sur toutes les côtes, sauf en face du Touquet.” (Marine Le Pen)

Emmanuel Macron veut “mettre des éoliennes sur toutes les côtes, sauf en face du Touquet” où se trouve la résidence secondaire de l’actuel président français, affirme Marine Le Pen : c’est faux.

Marine Le Pen a accusé Emmanuel Macron de vouloir installer des éoliennes en mer sur toutes les côtes françaises, sauf dans la commune du Touquet (Pas-de-Calais), où se trouve la résidence secondaire du couple présidentiel. La candidate du RN assure par ailleurs que “cinquante” projets seront lancés en ce sens. Des accusations infondées.

Un projet d’éolienne en mer entre Le Touquet et Berck, amorcé sous le mandat de François Hollande, a bien été suspendu en août 2017, notamment face à l’opposition de militants de La République en marche. La décision du préfet d’enterrer le projet s’est fondée sur une consultation publique.

Or, celle-ci s’est achevée le 3 mai 2017, soit avant le second tour de l’élection présidentielle qui a permis à Emmanuel Macron d’accéder à l’Elysée. Le nombre de projets d’éoliennes en mer est par ailleurs loin des “cinquante” mentionnés par Marine Le Pen. Le site du ministère de la Transition écologique en liste cinq, qui se trouvent en Normandie, en Bretagne Sud, en Sud Atlantique et en Méditerranée.

L’éducation

“[Les maths jusqu’au bac] vous les avez supprimées puis rétablies.” (Marine Le Pen)

Emmanuel Macron est-il revenu sur l’apprentissage des mathématiques après les avoir supprimées du programme ? : c’est vrai.
Marine Le Pen a critiqué la proposition d’Emmanuel Macron d’investir dans les “fondamentaux” au niveau de l’éducation en réinscrivant les mathématiques dans les programmes jusqu’en terminale, en rappelant que c’est lui qui les avait supprimées du tronc commun à l’occasion de la réforme du lycée.

La candidate a aussi déploré, à raison, que 20% des élèves sortent de l’école primaire sans maîtriser les savoirs fondamentaux.

“La réforme que vous proposez est une réforme qui consiste à payer les professeurs en fonction des résultats de leurs élèves.” (Marine Le Pen)

Selon le projet de réforme de l’éducation du président “En Marche”, les professeurs seraient rémunérés selon les résultats de leurs élèves, accuse Marine Le Pen : c’est faux.

Emmanuel Macron a effectivement laissé entendre pendant la campagne qu’il conditionnerait les augmentations de salaires à l’acceptation de “missions supplémentaires”, il a depuis changé d’avis. Il propose désormais une revalorisation “inconditionnelle” de 10% pour l’ensemble des professeurs. Le président a précisé que l’augmentation “pourra aller jusqu’à 20% pour celles et ceux qui adoptent les méthodes les plus innovantes“. Comme le rappellent “Les Décodeurs”, Marine Le Pen, elle, souhaite revaloriser les enseignants de 16% sous le quinquennat.

Les institutions

“Vous auriez parfaitement pu faire passer cette proportionnelle. Vous avez fait le choix de ne pas le faire.” (Marine Le Pen)

La candidate au deuxième tour de l’élection présidentielle a affirmé qu’Emmanuel Macron a eu l’occasion de faire en sorte que le scrutin actuellement majoritaire en France contienne une dose de proportionnelle afin d’avoir une plus grande représentativité des différents courants politiques français : c’est vrai.

Marine Le Pen a raison de pointer la responsabilité du président dans le reniement de sa promesse d’introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives.

Le Monde explique que le président a tenté de se défausser sur le blocage sa réforme institutionnelle par l’opposition de droite au Sénat. En réalité, l’introduction de la proportionnelle ne nécessitant pas de révision constitutionnelle, elle aurait pu être concrétisée par la seule majorité présidentielle à l’Assemblée.

Les soins de santé

“Vous avez licencié 15.000 soignants.” (Marine Le Pen)

Emmanuel Macron à travers son gouvernement a-t-il licencié 15.000 membres du personnel soignant consécutivement à l’obligation vaccinale votée par la majorité ? : c’est plutôt faux.

La candidate du RN a reproché à Emmanuel Macron de ne pas avoir fait preuve “de beaucoup d’empathie” durant la crise sanitaire à l’égard du personnel soignant à propos duquel elle affirme : “Vous avez licencié 15.000 soignants.”

Comme l’explique CheckNews, ces agents n’ont pas été licenciés mais suspendus depuis la mise en place de l’obligation vaccinale le 16 octobre 2021. Leur nombre reste, par ailleurs, encore flou malgré des estimations de 15.000 soignants non vaccinés à quelques jours de l’entrée en vigueur de la mesure en octobre dernier.