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Attention, ces images de tsunami au Japon datent de 2011 et pas de janvier 2024

Attention, ces images de tsunami au Japon datent de 2011 et pas de janvier 2024 - Featured image

Author(s): Théo MARIE-COURTOIS / AFP France

Un séisme de magnitude 7,5 a frappé le Japon le 1er janvier 2024, faisant au moins 48 morts et d’importants dégâts matériels. Sur les réseaux sociaux, certains internautes ont partagé une vidéo d’un tsunami déferlant sur une ville japonaise, emportant véhicules et bâtiments sur son passage. Si cette vidéo a bien été filmée au Japon, elle date en réalité de mars 2011, lors d’un séisme de magnitude 9 suivi d’un tsunami géant sur les côtes nord-est du pays, qui avait entraîné l’accident nucléaire de Fukushima et fait 20.000 morts et disparus. Si le séisme du 1er janvier a bien provoqué un tsunami, il n’était que de faible ampleur et circonscrit aux côtes ouest.

“Des vagues de tsunami atteignant cinq mètres de haut ont atteint la côte ouest du Japon. Les chaînes de télévision japonaises ont annulé leurs programmes du Nouvel An et couvrent le tsunami et les tremblements de terre” : voici la légende d’une vidéo de 25 secondes publiée sur X le 1er janvier.

On y voit des bateaux malmenés par une large vague très sombre. Quelques secondes plus tard, celle-ci s’engouffre à toute vitesse sur une route, emportant des dizaines de véhicules sur son passage.

Capture d’écran réalisée le 2 janvier 2024 sur X

La même vidéo a été partagée dans différentes langues comme en grec et en anglais.

Mais, contrairement à ce qui est affirmé ici, la vidéo est en réalité bien plus ancienne.

Tsunami de 2011

Dans son coin supérieur gauche, on repère le logo de ANN NEWS, un réseau japonais de chaînes de télévision. Un logo similaire est aussi visible dans le coin inférieur droit.

Grâce à ces indices, nous pouvons remonter à cette vidéo publiée en janvier 2020 sur la chaîne Youtube de ANN NEWS (lien archivé ici). Selon la légende, elle a été tournée en 2011 et présente un “énorme tsunami noir” frappant la ville de Miyako, dans la préfecture d’Iwate, à l’est du Japon.

Ce jour-là, un séisme de magnitude 9,0 sur l’échelle de Richter (archive ici), l’un des plus violents tremblements de terre jamais enregistrés dans le monde, secouait les profondeurs de l’océan Pacifique, suivi d’un tsunami géant sur les côtes nord-est du pays. La catastrophe avait fait quelque 20.000 morts et disparus.

Ce désastre avait aussi entraîné l’accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986.

Il s’agit des mêmes images que celles sur diffusées sur les réseaux sociaux à une différence près : le flot d’eau semble ici moins rapide, tout comme les paroles que l’on peut entendre, laissant penser que la vidéo publiée sur X a été accélérée. D’ailleurs, alors que l’extrait sur X dure 25 secondes, il faut près d’une minute sur Youtube pour dérouler les mêmes images.

Captures d’écran réalisées le 2 janvier 2024 sur X (à gauche) et sur Youtube (à droite)

Ce n’est pas la première fois que le réseau télévisuel japonais diffuse cette vidéo sur son compte Youtube. Le 13 mars 2011, soit deux jours après le tsunami, elle publiait cette vidéo d’une durée de 8 minutes sur la catastrophe (lien archivé ici). L’extrait que nous vérifions y est visible à partir de 3 min 33.

D’après la légende, cette vidéo a été filmée le 11 mars 2011 depuis l’hôtel de ville de Miyako.

Le panneau bleu indiquant Miyako à gauche de la route, le port le long de celle-ci et la présence d’un pont à la droite de la personne qui filme confirment cette localisation. On retrouve également le parking où de nombreuses voitures sont ballotées par les flots et deux bâtiments, dont l’un finira entièrement détruit par le tsunami.

Captures d’écran réalisées le 2 janvier 2024 sur Youtube (à gauche) et sur Google Maps (à droite)
Capture d’écran réalisée le 2 janvier 2024 sur Google Earth

La scène a également été photographiée par un fonctionnaire de la ville de Miyako, un cliché visible sur le site de l’AFP.

Capture d’écran réalisée le 2 janvier 2024 sur le site de l’AFP

Après leur diffusion par ANN NEWS, ces images ont été largement reprises pour illustrer la catastrophe de mars 2011, y compris parmi les médias français, comme en témoigne cette compilation réalisée par Le Figaro le 13 mars 2011 (lien archivé ici).

Tsunami de faible ampleur

Après le séisme du 1 janvier, de nombreuses images décontextualisées ou appels aux dons frauduleux ont été partagés, poussant même la télévision publique japonaise (NHK) à mettre en garde contre les “fake news qui circulent en cette période de catastrophe alors que les gens cherchent à s’informer”, l’archipel nippon étant toujours hanté par le souvenir du terrible séisme de 2011.

“Cela pourrait semer la confusion dans les zones sinistrées et entraver les opérations de sauvetage”, a regretté NHK dans un communiqué publié le jour du séisme.

Survenu le 1er janvier à 16b0 (07b0 GMT), ce tremblement de terre, le plus puissant parmi plus de 200 secousses importantes ressenties jusqu’au 2 janvier matin, a été enregistré à une magnitude de 7,5 selon l’Institut américain de géophysique (USGS) et de 7,6 selon l’agence météorologique japonaise (JMA).

Carte montrant l’épicentre et l’intensité du principal séisme qui a touché le Japon le 1er janvier – SOPHIE RAMIS / AFP

Ressenti jusqu’à Tokyo à 320 km à vol d’oiseau de Noto, il a aussi causé des dégâts matériels considérables et un tsunami sur les côtes de la mer du Japon à l’ouest contrairement à 2011 où le tsunami avait frappé à l’est. Ce tsunami est finalement resté de faible ampleur, des vagues de 1,2 mètre de haut maximum ayant été mesurées.

Le niveau de risque de tsunami, qui avait initialement déclenché une rare alerte maximale de la JMA, a ensuite été rétrogradé en soirée puis définitivement levé le 2 janvier.

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Ce fact-check a été également publié par https://factuel.afp.com/doc.afp.com.349C899.