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“On vous laisse rêver”: ces photos des aurores boréales au Mont-Saint-Michel sont fausses

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Des photos des aurores boréales au Mont-Saint-Michel largement diffusées sur les réseaux sociaux ont été créées par une intelligence artificielle (IA). Une conclusion étayée par des outils de détection d’images ainsi que l’absence d’authenticité de leur source.

Rose, bleu, vert, ou mauve… Ce vendredi soir, le ciel européen a revêtu son manteau multicolore. C’est le résultat d’un phénomène rare à nos latitudes : celui des aurores boréales. Ces dernières se produisent lorsque le soleil laisse s’échapper une série d’éjections de masse coronale (qui sont des explosions de particules énergétiques et de champs magnétiques) vers la Terre. Ces particules, en arrivant dans l’atmosphère, font réagir un tas de gaz qui se manifestent par ces couleurs chatoyantes.

Une myriade de magnifiques clichés a inondé les réseaux sociaux, notamment sur le groupe RTBF, ciel partagé, et dans des articles de presse.

Mais certaines photos sont trompeuses. C’est le cas de celles-ci présentant des aurores boréales dans le ciel normand du Mont-Saint-Michel, en France ce vendredi 10 mai 2024. Elles ont été partagées des milliers de fois comme dans cette publicationcelle-ci ou encore celle-ci.

“On vous laisse rêver en voyant ces photos”

La Société Astronomique de Liège, qui réunit des passionnées du “ciel étoilé, autant pour son observation pratique que pour sa connaissance théorique“, ne s’est pas laissé berner. Sur Facebook, elle a noté en légende d’une publication ce dimanche : “FAUX….FAUSSES IMAGES… FAKE NEWS ! On vous laisse rêver en voyant ces photos mais toutes les images du Mont-Saint-Michel de ce 10 mai 2024 sont des fausses images.

 

Et pour cause : ces images sont “très probablement générée par l’IA (Intelligence Artificielle)” conclut l’outil de détection d’IA “Is It AI ?” qui a analysé ces images pour déterminer si elles ont été générées par un humain ou par un algorithme d’IA. Selon lui, la probabilité que ce soit une machine qui soit à l’origine de ces deux photos est de 83,84% pour celle de gauche et 77,07% pour celle de droite.

Le premier détail qui a fait tiquer l’œil aiguisé de Pierre Ponsard, l’un des administrateurs de la Société Astronomique de Liège est la disposition des étoiles dans le ciel de ces photos. “Je ne reconnais aucune des constellations dans le champ“, souligne-t-il.

Il a aussi comparé ces images avec les clichés pris par des photographes en chair et en os.

On n’a pas eu cette chance de voir la base des draperies vertes.

Pierre Ponsard, administrateur de la Société Astronomique de Liège

L’un d’eux, Mathieu Rivrin, a passé une “nuit blanche” ce vendredi pour mitrailler l’îlot rocheux avec son appareil. Ce trentenaire originaire de Brest explique d’abord que les photos factices “sont prises en grand angle” et donc “les stries des aurores ne peuvent pas être aussi importantes” avec ce point de vue, observe-t-il. Autre détail qui cloche selon ce passionné des grands espaces et des phénomènes naturels : les couleurs. “Le vert des aurores sur ces fausses photos n’arrive que dans certaines latitudes du Grand Nord“.

En effet, plutôt que des “draperies vertes” que l’on voit sur les fausses images, les photos de Mathieu Rivrin montrent des “panaches” linéaires roses, bleus et verts, note de son côté Pierre Ponsard. Ces panaches, comme il les décrit, ne sont que “le sommet de ces aurores boréales“, tandis que les “draperies” apparaissent à l’endroit même où l’aurore se forme. En l’occurrence “à 200 ou 300 kilomètres [du Mont], grosso modo au nord des Pays-Bas“. “On n’a pas eu cette chance de voir la base des draperies vertes“, poursuit l’administrateur de l’asbl liégeoise.

Dernier indice, et pas des moindres, les photos de Mathieu Rivrin, tout comme celles de “vrais” photographes professionnels ou amateurs, sont signées pour désigner qu’il en est l’auteur. Ce qui n’est pas le cas des images générées par IA qui ne crédite aucun photographe. Pour Mathieu Rivrin, ces photos générées par IA “gâche un peu son plaisir” d’avoir pris ce cliché, notamment car en terme de visibilité, “ce n’est pas évident de constater qu’elles sont parfois davantage partagées que [ses] photos” authentiques.

La recherche de la source est un bon moyen de savoir si une image a été générée par l’IA. Si vous ne parvenez pas à mettre la main dessus ou si cette source n’est pas fiable ni confirmée par d’autres, c’est qu’il y a probablement quelque chose de louche.

En résumé, ces photos des aurores boréales, largement partagées sur les réseaux sociaux ont été générées par l’intelligence artificielle. Des outils de détections ainsi que des indices sur sa source permettent d’arriver à cette conclusion. Pour connaître toutes les astuces pour démêler le vrai du faux, Faky vous avait partagé plusieurs conseils il y a quelques mois.

Si vous voulez voir, avec vos propres yeux, de vraies aurores boréales, elles pourraient à nouveau faire leur apparition dans nos cieux européens dans la nuit de lundi à mardi.