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Cette scène n’a pas été filmée durant des violences à Paris mais lors d’une explosion en Russie en 2020

Cette scène n’a pas été filmée durant des violences à Paris mais lors d’une explosion en Russie en 2020 - Featured image

Author(s): Monique NGO MAYAG / AFP France

Depuis la mort fin juin de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier près de Paris, de nombreuses vidéos sur les violences urbaines qui ont secoué la France circulent sur les réseaux sociaux. L’une d’elles, virale sur les réseaux sociaux africains, totalise plus d’un million de vues et montre une explosion massive survenue, selon l’internaute qui la partage, en France le 2 juillet. Attention, il s’agit en fait d’une vidéo ancienne : cette explosion accidentelle a eu lieu en 2020 à Volgograd, dans le sud-ouest de la Russie. 

Capture d’écran d’une publication sur Facebook, réalisée le 7 juillet 2023

La vidéo (archivée ici), partagée près de 900 fois depuis le 2 juillet, s’ouvre sur une forte détonation et un gros nuage de feu qui s’élève vers le ciel. L’explosion est filmée à distance, au milieu d’une double voie fréquentée.

Aujourd’hui le 02/07/2023 en France“, affirme l’auteur de la publication, faisant allusion aux  violences urbaines  (dépêche archivée ici) qui ont secoué le pays après la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier le 27 juin.

Mais ces images n’ont rien à voir avec ce drame, ni avec les émeutes qui ont suivi.

Nous avons effectué une recherche d’image inversée avec l’outil InVID-WeVerify (voir ici comment procéder) qui nous a permis de retrouver des images similaires à la scène de la vidéo virale, dans un article (archivé ici) du site d’actualités Huffpost publié le 10 août 2020. L’article détaille les circonstances d’une “explosion dans une station-service de Volgograd“, en Russie et cite abondamment l’agence de presse russe Ria Novosti.

En effectuant une recherche sur Google avec les mots-clés “Ria Novosti”, “Volgograd” et “explosion” en russe, nous avons retrouvé le reportage (archivé ici) de l’agence publié le même jour à propos de cet incident.

L’article de Ria Novosti s’accompagne d’une vidéo qui montre “le moment de l’explosion dans une station-service à Volgograd“. Même si le point de vue de la caméra est légèrement différent que celui de la vidéo virale, plusieurs indices visuels prouvent qu’il s’agit du même incident – notamment les bandes de signalisation blanches au sol (entourées en rouge) et les lampadaires qui encadrent le nuage de feu (flèches orange).

Capture d’écran de la publication virale sur Facebook, réalisée le 7 juillet 2023
Capture d’écran de la vidéo de Ria Novosti, réalisée le 7 juillet 2023

Le média russe explique que “l’explosion d’un réservoir de gaz” s’est produite vers 11b0, heure de Moscou dans une station-service du quartier Traktorozavodsky à Volgograd. On lit aussi que 13 personnes ont été blessées, dont 10 hospitalisées.

En poursuivant notre recherche par mots-clés “explosion à Volgograd“, traduits en russe, nous avons également retrouvé plusieurs publications du 10 août 2020 sur Twitter  (archivées ici et ici) avec une vidéo strictement identique à la séquence virale.

Capture d’écran d’une publication du 10 août 2020 sur Twitter, réalisée le 7 juillet 2023

La vidéo qui circule actuellement n’a donc aucun lien avec les évènements dramatiques qui ont récemment ébranlé plusieurs villes de France après la mort de Nahel.

Des violences en décrue

Après une accalmie progressive depuis le 2 juillet, le gouvernement a évoqué jeudi un retour à une situation “à peu près normale” en France (dépêche archivée ici).

Le 4 juillet, les autorités ont fait état de 3.625 personnes placées en garde à vue, dont 1.124 mineurs, depuis le début de ces émeutes. Parmi elles, 990 ont été déférées devant la justice et 380 incarcérées.

Le policier de 38 ans qui a tué le jeune Nahel a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué le 29 juin. La Cour d’appel de Versailles a décidé jeudi de son maintien en détention provisoire.

En déplacement dans la commune Pau, dans le sud-ouest de la France, le président Emmanuel Macron a promis (dépêche archivée ici) de “continuer de travailler” pour répondre aux difficultés des quartiers, mises en lumière par ces émeutes sans précédent depuis 2005, en soulignant que “la première réponse, c’est l’ordre et le calme, la concorde“.

Une dépêche de l’AFP -archivée ici– relate en détail, la semaine de violences extrêmes qui a secoué la France.

Le 27 juin à 7b, deux motards de la police repèrent dans les rues de Nanterre, dans l’ouest de Paris, trois mineurs roulants “à vive allure” dans une grosse cylindrée jaune immatriculée en Pologne.

D’après les premières informations fournies par la police à la suite du contrôle de ces jeunes, un automobiliste a été tué “par un policier qui a fait usage de son arme, après que l’homme, soupçonné d’un refus d’obtempérer, a foncé vers des policiers“.

Mais en milieu de matinée, la vidéo d’un témoin montre plutôt un tir à bout portant alors que le véhicule redémarre. Les réseaux sociaux s’enflamment de messages dénonçant les violences policières.

Des  violences embrasent alors la capitale puis la colère populaire s’étend sur d’autres villes de France, causant plusieurs nuits successives de heurts entre émeutiers et forces de l’ordre, incendies de voitures, saccages de bâtiments publics et pillages.

La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l’ordre.

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Ce fact-check a été également publié par https://factuel.afp.com/doc.afp.com.33N278L.