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Fact check RTL: En 2100, la population mondiale tombera à 7,3 milliards de personnes: prévision ou réalité ?

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Author(s): RTL Lëtzebuerg

Dans le cadre du Fact Check Day, le 2 avril, RTL avait appelé ses lecteurs à envoyer des sujets qui méritent d’être vérifiés. Une question portait sur l’évolution de la population.

« ‘Horloge démographique mondiale – Y aura-t-il encore des êtres humains en 2100?’  D’abord le monde continue à se développer économiquement comme au cours des 50 dernières années. Ensuite, la population croît plus lentement jusqu’en 2050, atteint un pic d’environ 8,6 milliards en 2046 et diminue jusqu’à 7,3 milliards en 2100. Est-ce exact?  Prévision ou réalité? », telle était la question envoyée à RTL.

« C’est une prévision« , explique le Statec. Les instituts qui élaborent les projections démographiques vont modéliser différentes hypothèses en termes de fécondité, de mortalité et de migration. Ces hypothèses vont ensuite déterminer l’estimations de la population dans le futur. « Comme il est difficile de connaitre avec exactitude le futur, les organismes en charge des projections démographiques élaborent généralement différents scénarios combinant différentes hypothèses. » Des projections sont alors réalisées et la véracité de ces projections dépendra de la confirmation ou de non des hypothèses dans le futur.

Des hypothèses appliquées à la population de base

Dans le cadre des projections démographiques, la méthode dites « des composantes » est principalement utilisée. « Le principe de base de cette méthode consiste à projeter la population future en tenant compte de trois principaux facteurs: la fécondité, la mortalité et les migrations. Ces facteurs sont appliqués à la population initiale pour estimer les changements au fil du temps. »

La population de départ ou population de base est segmentée par âge et par genre. Des hypothèses sont ensuite établies sur les taux de fécondité futurs basées sur des tendances historiques mais aussi sur les évolutions observées dans d’autres pays ou régions. Des hypothèses sont alors réalisées sur les taux de mortalité futurs, « en tenant compte des améliorations possibles de l’espérance de vie. Finalement, on inclut des hypothèses sur les flux migratoires, tant entrants que sortants. »

Autres hypothèses – autres résultats

Si vous recherchez sur Internet la population mondiale en 2100, vous tomberez rapidement sur des chiffres différents, en fonction de la source. Cela tient au fait que chaque organisme réalisant des projections démographiques élabore ses propres hypothèses, explique le Statec. Pour le Luxembourg, l’Institut national de statistiques a développé un modèle plus complexe que ceux d’Eurostat ou des Nations Unies, par exemple. Le Grand-Duché a en effet une spécificité démographique dont tient compte le modèle du Statec. Sa croissance démographique est due essentiellement aux migrations et ce pour des raisons économiques.

Les tendances démographiques affectent les projections ainsi que la population mondiale

« Les femmes devraient avoir moins d’enfants dans le futur« , selon les experts du Statec – une tendance qui semble se distinguer par rapport aux générations précédentes. En même temps les gens vivront plus longtemps. Ces deux évolutions sont les composantes centrales de la dynamique démographique. En revanche, la projection des migrations est plus complexe car elle dépend de nombreux facteurs « politiques, économiques, environnementaux« . Pour beaucoup de pays, dont le Grand-Duché, les migrations jouent aujourd’hui un rôle important. « Au Luxembourg, entre 80 et 85% de la croissance démographique est due directement aux migrations« , selon le Statec.

Le Statec prévoit dans le futur une migration plus modérée par rapport à celle observée ces dernières années.

La technologie a une « influence complexe » sur les projections démographiques

Les progrès technologiques influencent les projections démographiques mondiales, à la fois de manière directe et indirecte. « Les avancées dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’éducation ont permis de réduire significativement la mortalité, en particulier infantile, contribuant ainsi à la croissance démographique au cours du XXe siècle« , selon le Statec.

Cependant, l’impact du progrès technologique peut avoir des effets indirects à l’opposé. « Les nouvelles technologies, notamment dans la communication et le divertissement, modifient les modes de vie et les aspirations individuelles. Dans les sociétés hautement connectées, on observe une tendance croissante au célibat et au report, voire au renoncement, à la parentalité, ce qui se traduit par une baisse généralisée de la fécondité, en particulier dans les pays développés« , selon le Statec.
Ce phénomène influence les projections démographiques. Les populations vieillissent et, à terme, cela pourrait provoquer une diminution de la population totale dans certains pays.

Des facteurs difficilement concevables compliquent les prévisions

Un certain nombre d’autres facteurs peuvent influencer le développement démographique – qu’ils soient juridiques, économiques, sanitaires ou environnementaux. « Ces facteurs sont cependant difficiles voire impossibles à projeter« , selon les experts du Statec.

La mise en place de barrières à la migration à l’intérieur de l’UE, par exemple, ou des conflits mondiaux pourraient jouer un rôle. « Ainsi, au début de l’invasion russe en Ukraine, de nombreux réfugiés ukrainiens sont venus s’installer au Luxembourg« , rappelle le Statec. La pandémie de Covid-19 a également impacté fortement les migrations et dans une moindre mesure la mortalité.

Des modèles démographiques fiables mais pas infaillibles

Les modèles démographiques sont généralement considérés comme fiables, mais leur précision dépend de plusieurs facteurs, selon les experts du Statec, qui citent quatre aspects principaux qui affectent la fiabilité de telles prévisions:

  • « Qualité des données observées: les projections démographiques reposent sur des données observées issues de registres administratifs, de données issues des recensements ou bien d’enquêtes. La qualité de ces données influence directement la précision des projections;
  • Hypothèses sur les tendances futures: les modèles doivent faire des hypothèses sur la fécondité, la mortalité et les migrations futures. Ces hypothèses sont basées sur des tendances historiques et des analyses scientifiques, mais elles comportent toujours une part d’incertitude;
  • Échelles temporelles: les projections à court terme (5-10 ans) sont généralement plus fiables que celles à long terme (plus de 20 ans) en raison de l’incertitude croissante avec le temps;
  • Facteurs imprévus : les événements imprévus, tels que les catastrophes naturelles, les pandémies ou les changements politiques, peuvent affecter les tendances démographiques et rendre les projections moins précises.« 

Malgré ces défis, les modèles démographiques sont constamment améliorés grâce aux avancées en statistique, en informatique et en collecte de données. Partout, des instituts de statistiques affinent leurs méthodes pour fournir des projections plus précises.

Mais « malgré ces améliorations, il est important de reconnaître que les projections démographiques ne sont pas des prédictions exactes mais des estimations basées sur les meilleures informations disponibles« , selon le Statec. « Les modèles démographiques actuels sont des outils précieux pour la planification et la prise de décision, mais ils doivent être utilisés avec une compréhension claire de leurs limites et de l’incertitude inhérente à toute projection future« , conclut le Statec.

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Ce fact-check a été également publié par https://infos.rtl.lu/actu/fact-check/a/2308013.html.