Scroll Top

Vous consultez actuellement le site web de EDMO BELUX en Français. Pour d'autres fact-checks, ou du contenu relatif à d'autres langues, veuillez cliquer sur l'icône avec le drapeau pour changer de langue.

Le sexe oral n’est pas la principale cause du cancer de la gorge en Belgique

Le sexe oral n'est pas la principale cause du cancer de la gorge en Belgique - Featured image

Author(s): Elise Hallet

Contrairement à ce que de multiples publications diffusées sur les réseaux sociaux prétendent, la pratique du sexe oral non protégée n’est pas la principale cause de développement du cancer de la gorge en Belgique. Chez nous, la consommation d’alcool et de tabac reste les principaux facteurs de développement de ce cancer.

Plusieurs publications en français ont circulé sur les réseaux sociaux (ici et ) en affirmant que le sexe oral était la principale cause de cancer de la gorge. Une vidéo publiée le 4 mai 2023 par Doctissimo, un média en ligne consacré au bien-être, a même cumulé 10.000 vues. Dès la première seconde, un médecin explique : “Le sexe oral devient le principal facteur de risque de cancer ORL“. Seulement, si cette affirmation est correcte dans le cas des États-Unis et du Royaume-Uni, ce n’est pas le cas en Europe.

Un titre accrocheur à l’origine du malentendu

Le malentendu part d’un article du média The Conversation du 25 avril 2023. Un média dans lequel des chercheurs et des journalistes collaborent pour vulgariser des recherches scientifiques. Cet article titré “Le sexe oral est devenu le principal facteur de risque du cancer de la gorge” a été cité dans la presse du monde entier, comme dans le Daily Mail, The Independent, ou BBC Mundo. Sauf qu’au-delà de ce titre accrocheur, la réalité est plus nuancée.

Si l’article commence par décrire une épidémie de cancer de la gorge en Occident, il précise d’emblée qu’il s’agit d’un certain type de cancer : celui de l’oropharynx, qui se développe au niveau de l’amygdale et de l’arrière de la langue. Il est ensuite expliqué que l’augmentation de ce cancer est liée à la pratique du sexe oral dont la popularité est grandissante parmi les jeunes adultes dans certains pays occidentaux. Une pratique qui favorise la transmission du virus du papillome humain, à l’origine de nombreux cancers de l’oropharynx mais aussi du vagin, de la vulve et de l’anus.

Aux États-Unis et au Royaume-Uni, le virus du papillome humain (VPH) est bien la première cause de développement du cancer de l’oropharynx selon une étude publiée dans la revue scientifique Medicine Baltimore. Le cancer de l’oropharynx y est d’ailleurs plus répandu que celui du col de l’utérus dont près de 100% selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé) des cas sont dus à une infection au HPV.

Mais ce n’est pas le cas en Belgique. En Europe, entre 15 et 30% des cas de cancers de l’oropharynx sont dus au papillomavirus,” explique le Dr Rachel Galot, oncologue aux Cliniques universitaires Saint Luc.Chez nous, la consommation de tabac et d’alcool reste la première cause de cancer de la gorge, dont celui de l’oropharynx. Cela dit, on constate que les cancers de l’oropharynx dû à l’alcool et au tabac diminuent là où ceux qui sont dus au papillomavirus augmentent.”

Se vacciner et se protéger : la combinaison pour éviter le HPV

La meilleure manière de limiter les risques de contracter un cancer de l’oropharynx est d’éviter les comportements à risques : fumer, boire et avoir des rapports sexuels non-protégés. Pour preuve : selon une étude du New England journal of Medicine, une personne qui a pratiqué le sexe oral sans protection avec six partenaires ou plus a 8,5 fois plus de risques de développer ce cancer de la gorge. Pour contrer ce phénomène, la prévention est essentielle puisque ce virus touche 80% des femmes et des hommes sexuellement actifs au moins une fois dans leur vie. Une prévention qui s’opère sur deux plans : la protection lors des rapports sexuels et la vaccination.

En matière de vaccination, la Belgique a fait un bond en avant en 2022 en élargissant la vaccination gratuite contre le papillomavirus aux garçons à partir de 13 ans et jusqu’à 18 ans. Le vaccin est proposé à l’école aux filles et aux garçons âgés de 13-14 ou qui sont en 2ème année de l’enseignement secondaire ou en 1ère année différenciée. “Même si dans 90% des cas l’infection au papillomavirus diminue et n’aboutit pas à un cancer, le vaccin contre le HPV est strictement recommandé en Belgique, explique l’oncologue Rachel Galot.

Même si le vaccin provoque une meilleure réponse immunitaire chez les enfants et les adolescents entre 9 et 14 ans, il peut-être intéressant pour certains jeunes adultes qui n’en ont pas bénéficié étant adolescents, estime le Dr Galot : “Idéalement, le mieux est de vacciner les jeunes avant qu’ils aient leurs premiers rapports sexuels. Mais pour les jeunes qui ont des rapports sexuels avec beaucoup de partenaires différents, alors cela vaut encore la peine qu’ils se fassent vacciner jusqu’à approximativement 26 ans.”

Si le sexe oral non-protégé n’est pas la première cause de cancer de la gorge en Belgique, il n’empêche qu’il est de plus en plus souvent lié au développement de cancers de l’oropharynx. Il existe des moyens de protection pour ce type de pratique sexuelle et il est recommandé de se renseigner auprès d’un médecin ou d’un planning familial.