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Rafael Nadal est-il dopé ?

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Author(s): Arnaud Ruyssen

Après le triomphe et les louanges, la polémique. Ces dernières heures de nombreuses critiques et questions sont venues du peloton cycliste sur les infiltrations dont a bénéficié Rafael Nadal au niveau du pied pour parvenir à gagner son 14e Roland Garros. Alors dopage ou non ? Déclic a tenté d’y voir clair.

Une maladie incurable

Rafael Nadal souffre du syndrome de Muller-Weiss. Une pathologie qui consiste en une nécrose progressive d’un petit os du pied : l’os naviculaire. Cette affection plutôt rare peut être provoquée par des contraintes importantes exercées sur cet os qui entraînent une moindre vascularisation et sa “mort” progressive.

Chez le tennisman majorquin, cette pathologie s’est déjà déclarée à l’âge de 18 ans mais les conséquences, notamment en termes de douleur ne font que s’amplifier depuis. C’est pour ça qu’il a recouru à des infiltrations durant Roland-Garros.

Des injections anesthésiantes

Rafael Nadal ne s’en est d’ailleurs pas caché au fil du tournoi. Répondant à une question d’une journaliste d’Eurosport qui lui demandait combien d’injections il avait reçues pendant le tournoi, il a déclaré “il vaut mieux que tu ne le saches pas…

Ensuite, dans une interview consécutive à sa victoire, il évoque l’administration répétée d’un anesthésiant local afin de rendre la douleur supportable et qu’il puisse continuer à jouer. Il précise même que, suite à ces injections locales, il ne ressentait quasiment plus aucune sensation dans son pied gauche, durant certains matches.

Dopage ou pas ces infiltrations ?

Si l’on se réfère à la définition du Larousse, le dopage c’est le fait d’administrer, en vue d’une compétition sportive, des substances ou procédés de nature à accroître artificiellement les capacités physiques d’une personne ou d’un animal.

Est-on dans ce cas de figure, ici ? Disons qu’utiliser des substances pour repousser le seuil auquel on ressent de la douleur, c’est une des caractéristiques du dopage. C’est d’ailleurs pour cette raison-là qu’on a progressivement interdit les corticoïdes dans le sport. Ils étaient utilisés pour permettre aux sportifs qui en prenaient de passer au-dessus de la douleur et d’ainsi repousser leurs limites. On est dans ce cas de figure ici.

Ceci dit, si on s’en réfère maintenant aux règles en cours dans le monde du sport, édictées par l’Agence Mondiale Anti-dopage alors c’est différent. Sur le site de l’AMA, il n’y a pas vraiment de définition du dopage. Il y est défini comme “une ou plusieurs violations des règles antidopage” et la principale règle… c’est de ne pas consommer de produits inscrits sur la liste des produits interdits.

Or, a priori, l’anesthésiant local dont parle Rafael Nadal n’entre pas dans la liste des produits interdits et donc n’est pas considéré comme “produit dopant interdit”. Aux yeux de l’AMA, Rafael Nadal est en règle.

Mais il en serait tout autrement s’il était cycliste, explique Gilles Goetghebuer, le rédacteur en chef du magazine Sport et Vie. En effet le peloton cycliste s’est doté de règles plus sévères qui interdisent toute forme d’injections : intraveineuse, intramusculaires… Sauf à de très rares exceptions qui doivent être validées par un médecin. S’il était cycliste Rafael Nadal n’aurait pas pu concourir.

Des corticoïdes ?

Reste une question : Rafael Nadal bénéficie-t-il d’un traitement incluant aussi des corticoïdes ? Il n’a pas répondu aux questions posées sur le sujet. Bien que repris dans la liste des produits dopants, ces corticoïdes peuvent encore être administrés dans certains cas, si le sportif bénéficie d’une AUT (une Autorisation d’Usage Thérapeutique).

Si on ignore ce qu’il en était pour ce Roland Garros, on sait par contre que le tennisman espagnol en a bénéficié par le passé. Lors des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, des hackers (qui avaient piraté les données de l’AMA) ont révélé que certains sportifs de haut niveau avaient rentré des AUT pour pouvoir recevoir des corticoïdes… et le nom de Rafael Nadal figurait dans la liste.

Et la santé dans tout ça ?

Au-delà de toutes ces questions réglementaires et éthiques, il y a enfin et surtout un enjeu de santé. “Administrer de telles infiltrations, explique Gilles Goetghebuer, c’est comme si dans une voiture, quand un voyant de panne moteur s’allume, vous alliez masquer le voyant rouge, plutôt que de traiter le problème… Continuer à faire du sport aussi intense sur un pied à ce point fragilisé c’est prendre un très grand risque pour la suite”.

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Ce fact-check a été également publié par https://www.rtbf.be/article/rafael-nadal-est-il-dope-11008104.