Selon le parti politique Voor U, la Belgique est le seul État membre de l’UE où les allocations de chômage sont illimitées dans le temps. En effet, la Belgique est le seul pays qui, sous certaines conditions, ne limite pas ces allocations dans le temps. Certains pays disposent d’un système où, dans des cas spécifiques, vous pouvez recevoir une contribution après la fin de l’allocation, qui est également illimitée dans le temps.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un marathon de factchecking organisé du 27 mai au 9 juin. Cette initiative, qui vise à vérifier quotidiennement les déclarations des personnalités politiques avant les élections, est une collaboration entre la VRT NWS, la RTBF, Knack, factcheck.vlaanderen, KRO-NCRV Pointer, Het Algemeen Dagblad et deCheckers.
Le nouveau parti politique Voor U affirme dans son programme électoral (archivé ici) que la Belgique est “le seul pays où le chômage est illimité dans le temps”. Ivan Sabbe, tête de liste de la Flandre-Occidentale, a récemment répété cette affirmation lors du débat électoral de l’Union des étudiants libéraux flamands à Louvain : “La Belgique est le seul des 27 États membres de l’Union européenne où les allocations de chômage sont illimitées dans le temps”.
Le chômage dépend du dernier salaire
La durée des allocations de chômage est pratiquement illimitée en Belgique. Le montant de l’allocation s’élève à 65% du dernier salaire, avec une limite supérieure (à 2187,38€ brut par mois) et une limite inférieure, et diminue progressivement au fil du temps. Les montants dépendent en outre de la situation familiale et des antécédents professionnels du demandeur d’emploi. Un aperçu des montants actuels est disponible sur le site web de l’Office national de l’emploi (Onem).
À partir de 49 mois, un montant minimum fixe s’applique. À partir de ce moment, le montant dépend uniquement de votre situation familiale et non de votre dernier salaire.
L’allocation illimitée dans le temps est-elle unique en Europe ?
Selon Rudy Aernoudt, professeur de finance à l’université de Gand, l’affirmation de Voor U est correcte. Il se réfère à un rapport de l’OCDE sur le système d’allocations de chômage en Belgique. Ce rapport indique que notre pays est en effet le seul à ne pas limiter les allocations de chômage dans le temps. Du moins si l’on exclut les autres formes d’assistance.
L’économiste Ive Marx de l’Université d’Anvers le confirme également. Selon lui, le caractère illimité de l’allocation dans le temps s’est développé historiquement. “C’est lié à la pilarisation de la Belgique. Les syndicats estiment que la non-limitation est importante ici.” Sur le site web de la Commission européenne, vous trouverez un aperçu des mesures de prestations pour tous les États membres. Les délais vont de 90 jours en Hongrie à 3 ans au Danemark. Seule la Belgique n’a pas de délai d’expiration.
Dans certains pays, il reste une allocation après la fin des allocations de chômage
Dans d’autres pays, après l’expiration des allocations de chômage limitées, vous disposez d’autres formes d’assistance. Les montants de ces aides peuvent être inférieurs à ceux des allocations initiales. La différence réside dans le fait que seuls les demandeurs d’emploi avec un patrimoine limité ont droit à cette allocation.
Dans des pays comme les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande, cette allocation est illimitée dans le temps. En Autriche, les demandeurs d’emploi reçoivent l’aide d’urgence dans certaines circonstances lorsqu’ils atteignent la limite de l’allocation de chômage. En Irlande, l’allocation illimitée pour les personnes en fin de droits au chômage remplace l’allocation pour les demandeurs d’emploi, plus élevée mais limitée dans le temps.
Comment fonctionne le droit au chômage en Belgique ? Huit conditions
En Belgique, les allocations ne sont pas illimitées dans la pratique. Pour avoir droit aux allocations de chômage, il faut remplir huit conditions. Si vous ne les remplissez plus, vous perdez le bénéfice des allocations.
- Avoir travaillé au moins un certain nombre de jours au cours d’une période de 21 à 42 mois, en fonction de l’âge du demandeur d’emploi.
- Vous ne devez pas être à l’origine de la perte de votre emploi.
- Vous êtes disponible pour travailler. Par exemple, vous n’êtes pas en incapacité de travail pour cause de maladie.
- Vous êtes inscrit comme demandeur d’emploi.
- Vous êtes prêt à accepter un emploi ou une formation appropriés lorsqu’ils vous seront proposés.
- Vous recherchez activement un emploi et participez aux mesures de conseil et de formation proposées.
- Vous avez moins de 65 ans, l’âge de la retraite.
- Vous habitez en Belgique.
Selon les chiffres de l’Onem, il y a en moyenne environ 296.000 demandeurs d’emploi ayant droit à des allocations cette année, dont environ 125.000 en Wallonie (et communauté germanophone), 110.000 en Flandre et 61.000 à Bruxelles.
Comment cela se passe dans les pays voisins ?
Le système dans nos pays voisins est différent, selon l’économiste Ive Marx. “Aux Pays-Bas, ils sont plus généreux avec les nouveaux chômeurs. Mais cette générosité est limitée dans le temps”, explique-t-il. Aux Pays-Bas, les nouveaux chômeurs reçoivent 75% de leur dernier salaire. La durée minimale de l’allocation de chômage est de trois mois. Dans certains cas, elle peut être prolongée jusqu’à un maximum de 24 mois. Les chômeurs dont les revenus sont insuffisants pour subvenir à leurs besoins peuvent alors se tourner vers l’assistance générale, dont la durée est illimitée.
En France, le montant de l’allocation est compris entre 57% et 75% du dernier salaire. La durée est de 6 mois au minimum et de 18 mois au maximum, jusqu’à 27 mois pour les plus de 55 ans. Là aussi, le demandeur d’emploi peut avoir recours au revenu de solidarité active (RSA) lorsqu’il n’a plus droit au chômage. En Allemagne et au Luxembourg, la durée est de 12 mois.
Le caractère illimité de l’allocation en Belgique signifie-t-il également que les dépenses dans ce domaine sont plus élevées que dans d’autres pays ? Les chiffres de l’office européen des statistiques Eurostat montrent qu’il y a d’autres pays, comme l’Autriche, l’Espagne ou la France, où les dépenses de chômage représentent une part plus importante du produit intérieur brut. Mais la Belgique (2,8% du PIB) se situe nettement au-dessus de la moyenne européenne (2,2% du PIB).