Lors d’une conférence de presse, Donald Trump a affirmé que “la grande majorité des citoyens de ce pays [le] soutient”. Sauf que les derniers sondages montrent sinon une avance de Kamala Harris, du moins des résultats serrés. En revanche, il n’a pas besoin d’obtenir la majorité des votes populaires pour gagner comme ce fut le cas en 2016 mais plutôt de celle des grands électeurs, notamment dans les Swing States.
Face à la presse ce jeudi 8 août, Donald Trump s’en est pris à ses adversaires démocrates. À commencer par la vice-présidente, Kamala Harris, qui est, selon ses mots, “pire que Biden” et “pas aussi intelligente” que l’actuel président américain.
Depuis son club de Mar-a-Lago en Floride, le candidat républicain s’est également félicité de la “grande” foule lors de ses rassemblements tout comme de son score dans les sondages. Ainsi, il a déclaré : “Je pense que la grande majorité des citoyens de ce pays me soutient.”
Qu’en est-il dans les faits : Donald Trump dispose-t-il de plus de 50% du soutien des Étatsuniens ?
Au niveau national, les derniers sondages montrent des résultats serrés. Certains prévoient même que Kamala Harris aurait une certaine avance de trois points sur Donald Trump. Depuis le début du mois d’août, tous les sondages indiquent une avance comprise entre 1 et 4 points de pourcentages pour la candidate démocrate.
Selon la moyenne des sondages de FiveThirtyEight.com, le républicain est perçu favorablement par seulement 43% des Américains aujourd’hui (ligne mauve).
Les Américains ont-ils un avis favorable ou défavorable à l’encontre de Donald Trump ?
Cet avis défavorable sur la personne de Donald Trump ne date pas d’hier.
Lorsqu’il était président, il n’a jamais reçu l’approbation d’une majorité d’Américains. Ne serait-ce qu’une seule journée. C’est ce que montrent tous les sondages Gallup menés au cours de sa présidence.
En moyenne entre 2017 et 2021, 41% des Américains avaient un avis favorable sur le président républicain, avec un maximum de 49% et un minimum de 34%.
Cote de popularité de Donald Trump
Donald Trump ne fait pas figure d’exception.
Pour preuve : tandis que les Américains donnaient en moyenne un large assentiment (70%) à Dwight Eisenhower en 1970, à Ronald Reagan en 1984 (54%) ou à Bill Clinton en 1996 (58%), la plupart des présidents étasuniens connaissent les mêmes sentiments défavorables. Et ce, quel que soit leur camp : en moyenne, seuls 33% des Américains approuvaient l’action du président Jimmy Carter en 1980, 31% celle du président George H.W. Bush en 1992, 48% celle de George W. Bush en 2004 et 46% celle de Barak Obama en 2012.
Un score qui n’a pourtant pas empêché le premier président noir américain d’être réélu pour un second mandat cette même année.
Une majorité des voix jamais gagnée
Ces sondages défavorables ne constituent donc pas un obstacle à une élection.
Donald Trump est bien placé pour le savoir puisque contre toute attente des instituts de sondages, des observateurs et des commentateurs prédisaient une victoire d’Hillary Clinton à ce scrutin, le milliardaire est devenu le 45e président des États-Unis le 20 janvier 2017.
Ainsi, il avait obtenu 62.984.828 voix tandis que sa rivale déchue en avait empoché 65.853.514.
Quatre ans plus tard, en 2020, il a obtenu 74.216.924 tandis que son rival vainqueur, Joe Biden, en avait récolté 81.268.924.
En résumé, lors des deux élections présidentielles auxquelles il s’est présenté, Donald Trump n’a jamais remporté la majorité du vote populaire.
Arriver deuxième en nombre de voix n’a donc pas empêché Donald Trump de remporter l’élection en 2016.
Et cette victoire, il la doit surtout au mode de scrutin indirect de l’élection présidentielle américaine. Elle se joue non pas au nombre de voix récoltées mais au nombre de grands électeurs de chaque État acquis, lesquels élisent à leur tour le président et le vice-président des États-Unis.
Ainsi, en 2016, le candidat républicain l’a emporté sur la candidate démocrate en obtenant 304 grands électeurs contre 227.
Et pas n’importe quels grands électeurs : parmi eux figuraient ceux des États clefs (ou Swing States). Donald Trump s’était par exemple imposé en Floride (29 grands électeurs), en Ohio (18 grands électeurs), en Iowa (6 grands électeurs) ou en Caroline du Nord (15 grands électeurs), des États traditionnellement acquis à aucun des deux partis mais dont l’électorat peut faire basculer l’élection.
En 2020, l’histoire a été toute autre pour le candidat républicain. Ce dernier n’avait ni remporté la majorité des voix populaires ni des grands électeurs. Actant ainsi sa défaite face à Joe Biden qui conduira à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par les partisans de Trump fondé sur un supposé “vol” de la présidentielle.
Le scenario de l’élection de 2024 n’est pas encore écrit. Mais selon les experts, il faudrait convaincre les électeurs de sept Swing States pour faire la différence : le Nevada, l’Arizona, le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, la Caroline du Nord et la Géorgie.
La Pennsylvanie est perçue comme “un pare-feu des démocrates contre Trump”, peut-on lire dans le Time. Bien que Trump y a une légère avance de 2 points, celle-ci se cantonne dans les marges d’erreur des sondages.
À l’inverse, la Caroline du Nord ou le Nevada sont des “filets de sécurité” pour le candidat républicain. Celui-ci y dispose de grandes avances dans les sondages.
Par ailleurs, Donald Trump conserve une longueur d’avance sur les électeurs qui estiment, selon la chaîne américaine CBS, qu’ils seront financièrement mieux lotis sous sa présidence et que ses politiques réduiront le nombre de migrants à la frontière.
En conclusion, Donald Trump a déclaré que “la grande majorité des citoyens de ce pays [le] soutient”. Cependant, les derniers sondages montrent une avance de Kamala Harris ou, à tout le moins, des résultats serrés. Néanmoins, le candidat républicain n’a pas besoin de remporter la majorité des votes populaires pour gagner, comme cela a été le cas en 2016, mais plutôt de s’assurer le soutien des grands électeurs, en particulier dans les Swing States.