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Non, Ursula von der Leyen n’a pas décidé que le “pass vaccinal” ne serait valable que trois mois

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Author(s): Marie Genries, AFP Belgique

Ursula von der Leyen aurait décidé que “le pass vaccinal” ne serait valable que pendant trois mois, selon des publications partagées sur Facebook et Twitter en décembre 2021. Les internautes s’appuient sur une vidéo de la présidente de la Commission européenne, qui a expliqué mi-décembre que le certificat Covid numérique européen serait bientôt conditionné à la réalisation d’une dose de rappel du vaccin six mois après une première vaccination complète, avec un délai supplémentaire de trois mois. Ce “pass”, destiné à faciliter les voyages dans l’Union européenne, sera donc valable neuf mois faute de rappel vaccinal, et non trois mois. Les Etats membres de l’UE restent libres d’adapter la durée de validité de leur pass sanitaire.

Sur Facebook et Twitter, des internautes affirment que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que le “pass vaccinal” ne sera valable que “pendant trois mois”. Certains s’appuient pour affirmer cela sur une vidéo, dans laquelle on voit Ursula von der Leyen s’exprimer à propos du rappel des vaccins anti-Covid. “Vous devrez vous piquer 4 fois dans l’année pour conserver vos droits et écouler les 4,5 milliards de doses qu’elle a commandées”, s’indignent les internautes.

Capture d’écran réalisée sur Facebook le 11/01/2022
Capture d’écran réalisée sur Facebook le 11/01/2022

Au cours de cette conférence de presse, Ursula von der Leyen a en effet annoncé une limite de validité pour les certificats COVID européens – différents du projet de pass vaccinal français ou du Covid safe ticket belge – de six mois entre la dernière vaccination et la dose de rappel, plus trois mois de délai pour réaliser cette dernière, soit neuf mois en tout.

Cela signifie que tout citoyen disposant d’un schéma vaccinal dit “complet” devra effectuer une dose dite de rappel ou “booster”, au maximum neuf mois après sa dernière injection ou son infection au Covid-19, afin que son certificat européen reste valable.

A aucun moment, la Commission européenne n’a annoncé une validité de 3 mois pour ce certificat.

Les internautes accusent également Ursula von der Leyen d’être “non-élue” et mariée à un homme qui “travaille chez Big Pharma”. Si le mari d’Ursula von der Leyen travaille bien dans une entreprise de biotechnologies, en revanche affirmer que la présidente n’a pas été élue est faux: sa nomination résulte bien d’un vote des membres du Parlement européen.

Qu’a réellement dit Ursula von der Leyen ?

La vidéo partagée par les internautes est extraite d’une conférence de presse qui a eu lieu le 16 décembre 2021, concernant la pandémie de Covid-19, la vaccination et la situation au Bélarus et en Ukraine. Cette conférence s’est ouverte par un discours d’Ursula von der Leyen, dont la transcription est disponible sur le site de la Commission européenne.

Dans son discours, Ursula von der Leyen s’est exprimée à propos du “certificat COVID numérique de l’UE”, mis en place en juillet 2021 pour harmoniser la libre circulation des citoyens dans l’Union européenne. Ce certificat n’est pas un pass vaccinal, contrairement à ce qu’affirment les internautes, puisqu’il fonctionne aussi si une personne a réalisé un test négatif, comme l’indique le site de la Commission européenne.

“Le certificat COVID numérique de l’UE est accepté dans tous les États membres de l’UE. Il contribue à garantir que les restrictions actuellement en vigueur pourront être levées de manière coordonnée. En voyage, le titulaire d’un certificat COVID numérique de l’UE devrait en principe être exempté de toute restriction à la libre circulation: les États membres devraient s’abstenir d’imposer des restrictions supplémentaires en matière de déplacements aux titulaires d’un certificat COVID numérique de l’UE, à moins que ces restrictions ne soient nécessaires et proportionnées pour préserver la santé publique”, précise la Commission européenne.

Au cours de son discours, relayé sur son compte Twitter le 17 décembre 2021, Ursula von der Leyen a déclaré (à 1’51): “Un mot sur le certificat en période de pandémie. J’ai informé les dirigeants que la Commission présentera un acte délégué (qui vise à préciser ou à compléter un texte législatif, ndlr). Nous assurerons une approche commune sur les rappels (de vaccination) et la durée de validité du certificat. Ainsi, les rappels sont recommandés au plus tard 6 mois après la vaccination complète, et le certificat restera valable pendant une période de grâce de trois mois”.

Les trois mois ne correspondent donc pas à la durée de validité de ce certificat, mais à un délai supplémentaire accordé aux citoyens pour avoir le temps de faire leur dose de rappel.

Le 21 décembre 2021, la Commission européenne a adopté cette règle, établissant donc une validité de 9 mois (ou 270 jours) pour les certificats de vaccination en vue de déplacements dans l’UE, est-il indiqué sur son site. Cette mesure entrera en vigueur le 1er février 2022.

Pour établir la durée de validité du certificat Covid, la Commission européenne s’est appuyée sur les recommandations des autorités de santé et notamment du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), dont la directrice a déclaré le 24 novembre 2021 qu’un rappel vaccinal devrait être envisagé pour tous les adultes, recommandant un intervalle de six mois entre la fin du schéma vaccinal (une ou deux doses) et la dose de rappel (parfois appelée troisième dose).

Face à la propagation du variant Omicron, très contagieux, l’Agence européenne du médicament a elle donné son feu vert le 10 décembre 2021 pour une dose de rappel à partir de 3 mois après la dernière injection.

Un certificat européen différent du pass vaccinal français et du Covid safe ticket belge

Le certificat COVID numérique européen vise à garantir la libre circulation des citoyens dans l’Union européenne, mais son utilisation à d’autres fins (accès aux restaurants, concerts ou autres évènements) relève des législations nationales, comme l’explique cet article de l’AFP. Les Etats membres restent libres d’adapter la durée de validité de leur propre pass sanitaire.

Ainsi, si les Etats membres doivent accueillir tout citoyen qui dispose de ce certificat européen, ils peuvent en revanche l’empêcher d’accéder à certaines activités si son certificat ne correspond pas aux règles du pays où il se trouve.

En France, le délai pour recevoir une dose de rappel et conserver son pass sanitaire sera réduit à quatre mois au lieu de sept auparavant à partir du 15 février 2022, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran le 2 janvier. Le 24 décembre 2021, face à l’explosion des cas de Covid due au variant Omicron, la Haute autorité de santé (HAS) avait recommandé une dose de rappel dès 3 mois après la dernière injection.

Le gouvernement français souhaite maintenant transformer le pass sanitaire en pass vaccinal, où ne figurerait plus la possibilité de réaliser un test négatif. Au 11 janvier 2022, le projet de loi faisait l’objet d’un examen par le Sénat.

Emmanuel Macron s’entretient avec Ursula von der Leyen après leur rencontre au palais présidentiel de l’Élysée à Paris, le 7 janvier 2022, alors que la France a pris la tête de la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne le 1er janvier. ( AFP / Ludovic MARIN)

En Belgique, la validité du Covid safe ticket (CST) n’est pas conditionnée à l’injection d’une dose de rappel, mais le gouvernement encourage les citoyens à la réaliser: mi-décembre, les ministres de la Santé ont raccourci de 6 à 4 mois le délai minimum entre la première vaccination complète et la dose de rappel (“booster”) pour les vaccins de Pfizer et Moderna. Pour les vaccins AstraZeneca et Johnson&Johnson, les délai était déjà fixé à 4 et 2 mois respectivement.

En Suisse également, la dose de rappel n’est pas obligatoire pour conserver son pass sanitaire. Cependant, depuis le 20 décembre 2021, les personnes dont la dose de rappel ou la guérison du Covid-19 datent de moins de quatre mois sont exemptées de l’obligation de présenter un test négatif dans certains lieux.

Ursula von der Leyen a bien été élue

Le processus de nomination du président ou de la présidente de la Commission européenne est décrit sur le site du Conseil européen. Sa candidature est proposée par le Conseil européen, puis votée par les membres du Parlement européen, eux-mêmes élus par les citoyens des Etats membres lors d’élections qui se tiennent tous les 5 ans. Ursula von der Leyen a bien été élue en 2019, contrairement à ce qu’affirment les internautes.

Quant à Heiko von der Leyen, son mari, il occupe le poste de directeur médical de l’entreprise Orgenesis, une société de biotechnologies qui développe des thérapies cellulaires et géniques selon son site. Il est accusé par les internautes de travailler “chez Big Pharma”, un terme désignant la forte concentration dans le secteur pharmaceutique, comme l’expliquent les Décodeurs du Monde. L’expression s’est teintée d’une connotation négative avec la pandémie de Covid-19 et est notamment utilisée pour critiquer les laboratoires pharmaceutiques produisant des vaccins.

“Vous devrez vous piquer 4 fois dans l’année pour conserver vos droits et écouler les 4,5 milliards de doses qu’elle a commandées”, s’indignent également les internautes. Mais dans son discours du 16 décembre 2021, Ursula von der Leyen ne s’est exprimée que sur la dose de rappel du vaccin contre le Covid-19 et n’a pas dit qu’il faudrait réaliser régulièrement un nouveau rappel vaccinal, contrairement à ce que laissent entendre les publications vérifiées par l’AFP.

Le 22 décembre 2021, le directeur de l’OMS a déclaré qu'”aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel”. Un groupe d’experts de l’organisation, chargé de superviser les vaccins contre le coronavirus, a enfoncé le clou le 11 janvier 2022, estimant qu’“une stratégie de vaccination basée sur des rappels répétés” des premiers vaccins avait “peu de chances d’être appropriée ou viable”.

Par ailleurs, la Commission européenne indique sur son site avoir “réservé jusqu’à 4,6 milliards de doses de vaccins contre la COVID-19”. Cependant, selon le site de l’Union européenne, plusieurs millions de doses sont destinés à des pays situés en dehors de l’Europe: il est en effet indiqué qu’au début du mois de décembre 2021, “les membres de l’UE avaient fait don de plus de 350 millions de doses à des pays du monde entier”. D’ici mi-2022, 700 millions de doses devraient être données par “l’Equipe Europe” – composée de l’UE, de ses Etats membres, ainsi que d’institutions financières.

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Ce fact-check a été également publié par https://factuel.afp.com/http%253A%252F%252Fdoc.afp.com%252F9VW2LR-2.