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Qu’est-ce qui rapporte le plus, le REVIS ou le salaire minimum?

Author(s): RTL Lëtzebuerg

L’explosion des prix des carburants a relancé une vieille discussion: “Avec ces prix, ce n’est plus la peine d’aller travailler.”

Vous avez certainement déjà entendu ou lu sur les réseaux sociaux ce commentaire. D’après celui-ci, le trajet pour se rendre au travail serait si cher, que ce serait mieux de rester à la maison.

Financièrement parlant, il vaudrait mieux simplement toucher le REVIS (revenu d’inclusion sociale) que d’aller travailler. Il y a aussi des discussions à propos des aides lancées par l’Etat: les personnes recevant le REVIS, ont droit à tellement d’aides financières, que ce revenu n’est plus si éloigné du salaire minimum. En conséquence, un certain nombre de personnes sont d’avis que cela ne vaudrait pas la peine de se fatiguer 40 heures par semaine au travail pour la petite différence financière.

Le REVIS est le revenu d’inclusion sociale qui a remplacé le revenu minimum garanti (RMG) en 2019.

Face à ces allégations, nous voulions en avoir le cœur net et avons fait le calcul sur base d’une étude de cas. Qu’est-ce qui est plus avantageux? REVIS ou SMIC?

Notre étude se base sur trois situations différentes qui prennent en compte le revenu ainsi que des aides financières.

Les aides au logement ont été délibérément laissées de côté. Pareil pour les frais de déplacement avec les dépenses pour le carburant, puisqu’ils sont très variables en fonction de la voiture, du trafic et de la distance. Idem pour la tranche indiciaire d’avril 2022 qui n’a pas été incluse dans notre calcul.

Dans notre exemple, il s’agit de Max, résident à Luxembourg. Le jeune homme âgé de 27 ans n’a encore jamais travaillé et habite gratuitement dans un appartement, propriété de ses parents.

Scénario 1: Max va travailler et reçoit le salaire minimum social

Dans ce cas, Max gagne 2.256,95 euros brut par mois. Dans la situation de Max, cela donne un revenu net de 1.997,55 euros. En raison de ses faibles revenus, il a droit à une aide financière. En principe Max peut alors demander l‘allocation de vie chère et l’allocation de solidarité. En plus, Max reçoit la prime énergétique récemment annoncée.

Le calcul est le suivant:

  • Salaire minimum social: 23.970,6 euros par an (net)
  • Allocation de vie chère: 1.652 euros par an
  • Prime énergétique: 200 euros par an
  • Allocation de solidarité: 345 euros par an

Ce qui donne un revenu annuel de 26.167,6 euros net, ce qui correspond à 2.180,63 euros net par mois. Le montant de l’allocation de solidarité varie en fonction de la commune de résidence.

Scénario 2: Max va travailler et perçoit le salaire minimum qualifié

Dans ce cas, Max gagne 2.708,35 euros brut par mois. Ce qui correspond à un revenu net de 2.286,58 euros. Avec le salaire minimum qualifié, Max gagne déjà trop pour demander une allocation de vie chère, il n’a pas droit non plus à l’allocation de solidarité. Pour la nouvelle prime énergétique, le plafond a été relevé, Max peut donc obtenir cette prime.

Le calcul est le suivant:

  • Salaire minimum qualifié: 27.438,96 euros par an (net)
  • Prime énergétique: 200 euros par an

Ce qui donne un revenu annuel de 27.638,96 euros net, ce qui correspond à 2.303,25 euros net par mois.

Scénario 3: Max touche le REVIS

Vu que Max vit seul, il a droit à un REVIS de 1.583,6 euros. Le REVIS n’est pas imposable. Du REVIS, seules les cotisations pour l’assurance maladie et l’assurance soins sont déduites. Ce qui représente ici un montant de 58,61 euros. Ce qui signifie que finalement, le Fonds national de solidarité lui verse environ 1.525 euros par mois. En complément, Max pourra faire des demandes de subventions.

Avec l’exemple de Max, vous obtenez ceci, subsides inclus:

  • REVIS: 1.708,08 euros par mois
  • Salaire minimum social: 2.180,63 euros par mois (net)
  • Salaire minimum qualifié: 2.303,25 euros par mois (net)

 

Max bénéficie donc d’un budget supplémentaire de 470 euros par mois s’il va travailler pour le salaire minimum social au lieu de toucher le REVIS. Avec le salaire minimum qualifié, le gain s’élève à près de 600 euros.

Avoir le REVIS ne signifie pas rester chez soi sans rien faire

Les personnes qui reçoivent le REVIS, doivent accepter une collaboration avec l’ONIS, l’Office national d’inclusion sociale, et respecter un plan d’activation de l’ONIS. L’ONIS est responsable de l’inclusion sociale. Ainsi, une personne recevant le REVIS s’engage à participer à des activités, des travaux d’intérêt général, des cours et des formations continues. Si elle participe pendant une période limitée à un travail d’intérêt général, elle a droit à une aide financière complémentaire, calculée sur la base du salaire social minimum. L’objectif de ces mesures est de préparer les personnes touchant le REVIS au marché du travail et de promouvoir l’inclusion sur le marché. Lorsque les concernés sont prêts pour entrer sur le marché du travail, ils sont transférés vers l’ADEM.

Les personnes touchant le REVIS qui ne participent pas aux mesures d’activation, doivent s’attendre à des sanctions progressives. D’abord, elles reçoivent un avertissement écrit, ensuite le montant de leur REVIS est réduit de 20% pendant trois mois et à la troisième infraction, leur REVIS leur est retiré pendant trois mois complets.

Les bénéficiaires du REVIS sont dispensés du plan de l’ONIS dans trois cas:

  1. s’ils élèvent un enfant, pour lequel ils touchent les allocations familiales, sans avoir de moyen de garde
  2. s’ils agissent comme aidants dans le cadre de l’assurance dépendance
  3. s’ils terminent leurs études secondaires.

 

Il faut encore ajouter que dans certains cas, le bénéficiaire du REVIS peut être amené à devoir rembourser les montants reçus. C’est par exemple le cas lorsque qu’il hérite ou obtient d’une manière ou d’une autre de l’argent qu’il n’a pas gagné grâce à un nouvel emploi.

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Ce fact-check a été également publié par http://www.rtl.lu/news/faktencheck/a/1884933.html.