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Reiner Fuellmich et son “tribunal populaire” : une accumulation de théories conspirationnistes et de désinformation

Reiner Fuellmich et son "tribunal populaire" : une accumulation de théories conspirationnistes et de désinformation - Featured image

Author(s): Nadia Nasanovsky, Ana Prieto, AFP Argentine

Dans une vidéo d’un prétendu “Tribunal populaire de l’opinion publique” diffusée le 5 février sur les réseaux sociaux, une organisation qui enquêterait sur des soupçons de “crimes contre l’humanité” contre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Forum de Davos et des scientifiques, l’avocat allemand Reiner Fuellmich a déclaré que les “accusés” avaient planifié et imposé au monde une “fausse pandémie”. Cependant, cela ne repose sur aucun fondement juridique. Le discours de Fuellmich se base par ailleurs sur de fausses informations et des théories du complot qui ont circulé tout au long de la crise sanitaire.

“Il n’y a pas de pandémie de [coronavirus]”, a déclaré l’avocat allemand Reiner Fuellmich au cours d’une prise de parole de près de 20 minutes pour le “Tribunal populaire de l’opinion publique”. Cette vidéo a été partagée plusieurs milliers de fois depuis le 5 février sur Facebook (1, 2), Twitter (1) et VKontakte. Certains utilisateurs affirment que cette séquence marque le début du procès de “Nuremberg 2” (1, 2).

Capture d’écran Facebook ( Capture d’écran Facebook / )

La vidéo, tournée à l’origine en anglais, a également circulé en portugais, en italien et en serbe.

Reiner Fuellmich dispose d’un cabinet d’avocats dans la ville allemande de Göttingen. Depuis 2020, il mène une action collective contre l’OMS et le virologue allemand Christian Drosten dont le protocole de détection du SARS-CoV-2 par des tests PCR a été utilisé par les laboratoires du monde entier durant la pandémie. Les personnes souhaitant se joindre à cette “action collective” doivent verser à Reiner Fuellmich et à son équipe des “frais forfaitaires” d’au moins 800 euros, précise une page de son site internet dédiée à l’initiative.

A plusieurs reprises, l’AFP a vérifié les fausses déclarations de Fuellmich sur le Covid-19 ainsi que la désinformation diffusée par ses soutiens (1, 2, 3, 4, 5, 6) qui ont assuré que s’ouvrait le “plus gros procès de l’histoire” contre “Big pharma, [l’association] Bill et Melinda Gates, l’OMS, les nations européennes pour les lois liberticides [sic]” (1, 2). Fuellmich a pourtant lui-même nié l’ouverture de tels procès sur son compte Telegram (1, 2).

Le “Tribunal populaire de l’opinion publique”, une initiative sans fondement juridique

C’est le 5 février 2022 qu’a été mis en ligne le site nommé “Grand Jury” dans lequel Fuellmich et d’autres avocats expliquent n’avoir trouvé aucun tribunal pour examiner leurs allégations, censées prouver que la pandémie résulte d’un plan de “contrôle total” fomenté par “les élites”. Dès lors, ils écrivent avoir engagé une procédure “en dehors du système actuel” et créé un système alternatif baptisé “tribunal populaire de l’opinion publique”.

Le travail de ce tribunal consiste à démontrer au “jury” (composé des “citoyens du monde”) que la crise sanitaire est une “farce” destinée à éliminer une partie de la population puis à dominer la partie restante. Ils espèrent que cette démonstration “encouragera” la population mondiale “à engager des poursuites pénales et civiles […] contre tous les responsables des atrocités commises”.

Parmi les personnes invitées à “témoigner” contre l’OMS, les vaccins et les responsables des autorités sanitaires et politiques figurent notamment Wolfgang Wodarg, Michael Yeadon, Dolores Cahill et Shankara Chetty. Tous ont véhiculé de la désinformation déjà vérifiée par l’AFP tout au long de la crise sanitaire (1, 2, 3).

Dans cette vidéo virale figure la “déclaration liminaire” de Fuellmich au sein de cette procédure alternative. L’AFP a vérifié plusieurs de ses affirmations.

“Il n’y a pas de pandémie de [coronavirus], mais seulement une ‘plandémie’ de tests PCR” : faux

Ce n’est pas la première fois que l’avocat allemand affirme que l’entièreté de la pandémie de coronavirus “s’explique” par le moyen de dépistage le plus utilisé : le test PCR.

Dans cette vidéo, il décrit cette technique comme faisant partie d’une “opération psychologique conçue pour créer un état de panique perpétuel au sein de la population mondiale”. Selon lui, que “les PCR puissent détecter les personnes infectées” constitue un “mensonge” : ils ne peuvent “rien nous dire sur une infection”, défend Fuellmich. Ces affirmations sont fausses et ont été vérifiées par l’AFP à plusieurs reprises (1, 2, 3, 4, 5).

Contrairement à ce qu’affirme l’avocat allemand, “la technique PCR a révolutionné la biologie moléculaire”, a expliqué à l’AFP Álvaro Fajardo, chercheur à l’Institut Pasteur en Uruguay. “Elle peut être utilisée dans plusieurs cadres : études médico-légales, recherches de paternité, études des mutations à l’origine d’une maladie particulière d’origine génétique et, surtout, diagnostic moléculaire des maladies infectieuses. Dans ce cas, la technique a deux atouts : sa spécificité et sensibilité.”

La spécificité consiste en la capacité d’un test à bien identifier un virus en particulier et à ne pas le confondre avec un autre pathogène. L’autre critère de fiabilité des tests, la sensibilité, correspond à la capacité du test à détecter le virus, même présent en faible quantité.

Les tests RT-PCR (ou “virologiques”), qui permettent via un prélèvement nasal, pharyngé ou salivaire de déterminer si un patient est porteur ou non du virus à l’instant T, cherchent “des régions du génome qui sont spécifiques” à ce virus, a expliqué le 8 septembre 2020 à l’AFP Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus des infections respiratoires de l’Institut Pasteur. Techniquement, il s’agit de transcrire du matériel génétique du virus (de l’ARN) en ADN puis de l’amplifier en plusieurs cycles – à des températures différentes – pour pouvoir détecter même de petites quantités de matériel génétique, comme le montre la vidéo ci-dessous :

Plus tard dans la vidéo, Fuellmich affirme qu’il “n’y avait pas de cas” au début de l’année 2020 et que ceux qui ont été comptabilisés étaient des résultats de tests PCR faussement positifs – des “faux positifs” (quand le test ressort positif alors que le patient n’est pas contaminé) – dans le but de déclarer un état d’urgence sanitaire international et de “pouvoir utiliser des médicaments non testés, des injections expérimentales” administrées à des personnes.

Des experts ont déjà expliqué dans des articles de l’AFP, notamment ici, que les tests PCR sont fiables et que les résultats “faux positifs” sont extrêmement rares et liés en général à de mauvaises manipulations. Quant aux faux négatifs (quand le test ressort négatif alors que le patient est contaminé), l’infectiologue argentin Omar Sued a expliqué dans cette vérification qu’“il peut y avoir des résultats faussement négatifs dans les premiers jours de la maladie” car les tests nécessitent une quantité minimale de virus pour le détecter.

Le Covid-19 n’est pas plus dangereux que la grippe saisonnière : faux

“Le virus n’est pas plus dangereux que la grippe saisonnière”, lance Reiner Fuellmich dans son discours liminaire. Une idée qui a circulé durant la pandémie et a déjà été contredite par l’AFP (1, 2, 3).

Le Covid-19 et la grippe sont des maladies respiratoires contagieuses causées par des virus qui “appartiennent à deux familles virales très différentes”, expliquait le professeur de virologie Vincent Maréchal dans cette vérification. Elles partagent plusieurs symptômes et se transmettent de manière similaire. Les différences sont toutefois importantes, notamment en termes d’incidence, de mortalité et de traitements disponibles.

Selon les données publiées par l’OMS, on estime que les décès dus à la grippe chaque année oscillent entre 290 000 et 650 000 dans le monde. En comparaison, la pandémie de Covid-19 a fait plus de 5,8 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi le 15 février par l’AFP.

L’idée n’est pas de minimiser la grippe car chez les personnes à risque c’est une maladie sérieuse, mais comparer un virus pandémique comme le Covid-19 avec une épidémie de grippe saisonnière n’a pas beaucoup de sens”, expliquait l’épidémiologiste de Santé Publique France Sibylle Bernard-Stoecklin dans le même article.

“Le Covid-19 provoque une mortalité prématurée de manière beaucoup plus importante que la grippe saisonnière, la part de décès chez les moins de 75 ans est loin d’être négligeable, voire de moins de 65 ans“, détaillait la spécialiste. Autre spécificité, “le virus de la grippe est beaucoup moins contagieux”.

Enfin, “il faut des mois pour récupérer d’un séjour en réanimation, d’autant plus que le séjour a duré” et “un certain nombre des personnes ayant eu la Covid garde des symptômes voire des séquelles des mois après la maladie aiguë”, notait Dominique Costagliola, membre de l’Académie des sciences.

“La maladie est largement plus grave que la grippe, ce n’est pas une ‘grippette’ comme on l’avait dit au départ. Ce n’est pas une hypothèse : c’est ce qu’on a constaté en réanimation”, résumait pour l’AFP Frédéric Altare, de l’Inserm.

La chercheuse María Victoria Sánchez, de l’Institut de médecine et de biologie expérimentale de Cuyo en Argentine, a ajouté : “Nous disposons du vaccin contre la grippe depuis les années 1940 et nous avons également des moyens de la prévenir et de la traiter. Grâce à ces mesures de prévention et aux traitements existants, les gens ne meurent plus de la grippe comme dans les décennies passées.”

“La Covid-19 est une nouvelle maladie et elle est plus grave, car nous n’avons toujours pas de traitement efficace et nous étudions toujours le comportement de l’infection et les séquelles qu’elle peut produire, qui, jusqu’à présent, sont nombreuses, d’après ce que nous observons chez les patients guéris”, a-t-elle observé.

Enfin, au sein de son propos liminaire, Reiner Fuellmich a déclaré que le “taux de mortalité de cette infection [le Covid-19] se situait entre 0,14% et 0,15%, voire moins”. Mais cela est faux. Le taux de mortalité varie considérablement selon les pays, oscillant pour la plupart d’entre eux entre 0,5% et 5% selon les données de l’université Johns Hopkins.

Le Covid-19 peut-être guéri par les vitamines C et D, le zinc, l’ivermectine et l’hydroxychloroquine : faux

L’avocat allemand affirme que le coronavirus “peut-être traité de manière sûre et efficace avec la vitamine C, D, le zinc etc. ainsi qu’avec l’ivermectine, l’hydroxychloroquine etc…, mais ces traitements sont interdits.” Cette idée circule depuis 2020 mais a été contredite par l’AFP : si ces traitements sont étudiés depuis le début de la pandémie, il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique solide de leur efficacité contre le coronavirus.

Tout d’abord, les vitamines renforcent le système immunitaire, mais rien ne prouve qu’elles préviennent la transmission du Covid-19 ou permettent de le guérir, comme expliqué dans cette vérification.

Si les autorités sanitaires recommandent à la population de s’assurer un apport suffisant en vitamines, le Conseil Supérieur de la Santé belge conclut dans son avis du 28 janvier 2021 que “l’utilisation de très hautes quantités de vitamine D à visée thérapeutique chez les patients atteints de la Covid-19 et pour prévenir les formes très graves de la maladie, ne peut actuellement être recommandée. Elle ressort éventuellement du cadre d’études cliniques et ne peut se substituer aux traitements utilisés actuellement.”

Quant à la consommation de vitamine C, la rubrique “en finir avec les idées reçues” de l’OMS indique qu’“il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’orientations concernant l’emploi de suppléments en micronutriments comme traitement de la Covid-19.”

Si “les vitamines C et D stimulent le système immunitaire” et si “rester hydraté vous permet également d’avoir un métabolisme optimal”, cela n’empêche pas l’infection par le virus, qui se transmet “par voie respiratoire, via les mains ou le nez”, insistait l’épidémiologiste belge Yves Coppieters dans un précédent article de vérification.

Pour ce qui est du zinc, cet oligo-élément présent dans les viandes maigres, les fruits de mer ou encore les œufs et qui joue un rôle important dans la régulation du système immunitaire, comme l’explique le site de la Fondation pour le cancer en Belgique, celui-ci améliore l’immunité mais n’est pas recommandé pour traiter le Covid-19.

“Le zinc est un métal toxique et bien qu’il inhibe effectivement certaines enzymes virales, le niveau requis (pour prévenir ou traiter le Covid, NDLR) ne serait pas toléré dans l’organisme”, déclarait Ian Jones, professeur de virologie à l’université de Reading, en Angleterre, dans une précédente vérification.

De son côté, l’ivermectine est un médicament – à usage vétérinaire et humain – utilisé contre des parasites, comme la gale, la cécité des rivières (onchocercose) ou encore les poux. Ce traitement, peu coûteux et qui a l’avantage de présenter peu d’effets indésirables, est très utilisé dans les zones du monde touchées par les infestations parasitaires.

Si des essais cliniques sont en cours pour tester l’efficacité de l’ivermectine chez de vrais patients, son action pour prévenir ou guérir le Covid-19 n’est pas, à ce jour, démontrée, ont indiqué plusieurs experts et institutions dans cette vérification.

“La plupart des études cliniques publiées récemment sur le sujet sont peu concluantes”, pointe la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT). “La grande majorité sont soit des prépublications non validées par leurs pairs soit, quand elles sont publiées, des études ayant des biais méthodologiques rendant les résultats difficilement interprétables et ne permettant pas de tirer des conclusions”.

Pour envisager un usage de l’ivermectine, “seule ou en association avec d’autres molécules” dans le cadre de la crise sanitaire, il serait “essentiel que des essais cliniques chez l’homme soient menés à terme” afin de “mieux comprendre les effets de l’ivermectine sur la présentation clinique, sur la charge virale et sur l’inflammation”, expliquait en août 2021 l’institut Pasteur auprès de l’AFP après avoir observé que l’antiparasitaire pourrait atténuer certains symptômes du Covid chez des hamsters infectés.

Enfin, concernant l’hydroxychloroquine, des études randomisées (la méthode considérée comme la plus fiable pour tester un traitement, avec un groupe recevant le traitement et un groupe témoin recevant un placebo) comme l’étude britannique Recovery, la française Hycovid, ou Solidarity menée par l’OMS, ont conclu qu’elle n’était pas efficace contre le Covid-19.

Les vaccins sont inefficaces, dangereux et modifient l’ADN : faux

Dans cette vidéo, Fuellmich décrit les vaccins comme des “injections expérimentales” et affirme qu’ils ne sont pas nécessaires pour combattre le SARS-CoV-2. Il indique en outre que les campagnes de vaccination mondiales sont destinées à permettre le “contrôle de la population” et mèneront à une “réduction massive de la population”.

Ces affirmations ont déjà fait l’objet de plusieurs vérifications par l’AFP (1, 2, 3, 4, 5).

Les vaccins contre le Covid ont notamment démontré leur efficacité pour empêcher le développement de formes graves.

“Il faut rappeler que même si on rencontre l’infection, ce qui compte aujourd’hui, c’est d’être protégé contre les formes graves, et c’est ce que font efficacement les vaccins anti-Covid aujourd’hui, même face à Omicron”, a expliqué début janvier Judith Mueller médecin épidémiologiste et professeure à l’EHESP (Ecole des hautes études en santé publique).

C’est aussi la conclusion que tire la cellule de statistiques du ministère de la Santé (Drees) dans une note publiée le 14 janvier, soulignant que “la protection vaccinale demeure élevée contre les formes graves d’infection au variant Omicron, même si elle est inférieure à celle contre le variant Delta”.

Selon une étude du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies publiée en novembre 2021, on estime que les vaccins contre le Covid-19 ont sauvé la vie de près d’un demi-million de personnes de plus de 60 ans entre décembre 2020 et novembre 2021. Une autre étude de l’Agence américaine de contrôle des maladies (CDC), publiée en septembre 2021, indiquait que les personnes qui n’avaient pas de schéma de vaccination complet avaient un risque 10 fois supérieur de mourir du Covid-19 par rapport à celles ayant terminé leur schéma de vaccination.

Par ailleurs, selon les statistiques des différents pays compilées sur le portail Our World in Data, le taux de mortalité dû à la maladie est nettement plus faible chez les vaccinés par rapport aux non vaccinés.

Autre thèse défendue par Reiner Fuellmich : les vaccins à ARN messager, comme ceux de Pfizer ou Moderna, “[manipuleraient l’ADN]” humain. C’est faux : ces vaccins n’ont pas la capacité d’affecter le noyau du génome, comme l’a vérifié l’AFP à plusieurs reprises (1, 2, 3, 4).

De plus, comme l’AFP l’a déjà expliqué dans des vérifications antérieures (1, 2, 3), la sécurité des vaccins a été démontrée. L’AEM souligne de plus que les vaccins contre le Covid-19 ne peuvent être autorisés en Europe que s’ils satisfont à toutes les exigences de qualité, de sécurité et d’efficacité définies dans la législation pharmaceutique de l’Union européenne“.

Les vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna ont certes été associés à un risque accru de myocardite, une inflammation du muscle cardiaque, notamment chez les jeunes adolescents masculins. Mais ces cas et les effets indésirables graves des vaccins restent rares. Les bénéfices de la vaccination continuent à l’emporter sur ce risque, notamment chez les 50-74 ans et les plus de 75 ans, “les personnes vaccinées ont 9 fois moins de risque d’être hospitalisées ou de décéder de la Covid-19 que les personnes non vaccinées”. Une preuve de “l’impact majeur de la vaccination”, conclut l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

Un indicateur est enfin mis en avant par Reiner Fuellmich : la surmortalité. Cet indicateur permet d’estimer le nombre de décès supplémentaires pendant la pandémie par rapport au nombre de décès attendus, pour une région et une période données. “Il n’y avait nulle part de surmortalité, jusqu’à ce que débutent les injections expérimentales”, défend Reiner Fuellmich.

Mais cela est faux : rien qu’à la fin de l’année 2020, près d’un an après les premières infections au SARS-CoV-2 et au moment où débutaient à peine les premières campagnes de vaccination, la surmortalité était en hausse de manière généralisée dans le monde, atteignant 21% en France ou encore 33% aux Etats-Unis.

Sur la définition de la pandémie

L’avocat affirme que l’épidémie de “grippe porcine” (ou grippe H1N1) de 2009 a été orchestrée “par un groupe de sociopathes et de psychopathes super riches” qui auraient changé la définition d’une pandémie pour désigner le H1N1 comme tel et “détourner les gens de leurs actions frauduleuses”.

L’OMS définit une pandémie comme la “propagation mondiale” d’une maladie, selon le “Guide de l’OMS pour prise de décisions éclairées et harmonisation, à l’échelle nationale et internationale, de la préparation et la réponse en cas de grippe pandémique” publié en 2017 à propos des pandémies de grippe. Ce guide est une mise à jour de deux documents antérieurs, de 2005 et 2009, qui incluent la description et la catégorisation d’une série de phases pour guider l’action des autorités en cas d’émergence d’une pandémie.

Les changements de 2009 auxquels Fuellmich fait référence concernent ces phrases.

En phase 5, la propagation du virus a lieu de personne à personne dans au moins deux pays d’une région. La pandémie est alors imminente.

La phase 6 correspond à la pandémie et se caractérise par des flambées de la maladie au niveau communautaire dans au moins un pays d’une région (parmi les six délimitées par l’organisation) autre que celle détectée durant la phase précédente.

Un changement a certes bien au lieu : dans le document précédent publié en 2005, le début d’une pandémie correspondait au passage à la phase 6, mais était défini comme l’existence d’une “transmission accrue et soutenue dans la population générale” dans “plusieurs pays” (la grippe H1N1, comme le Covid-19, s’est propagée sur tous les continents).

Mais contrairement à ce que suggère Fuellmich, le Covid-19 aurait bien été qualifié de pandémie avant même les changements de définition introduits en 2009.

Un “grand complot” des puissants ?

Selon Fuellmich, la pandémie est une façade utilisée par le Forum économique mondial pour détruire les démocraties et les petites et moyennes entreprises du monde, et établir un gouvernement unique avec une seule monnaie commune et un passeport numérique “qui contrôle tous nos mouvements”.

Il affirme que ces objectifs sont clairement énoncés dans l’initiative “The Great Reset” : une série de propositions visant à reconstruire l’économie mondiale à la suite de la crise sanitaire.

Cependant, rien de ce que prédit Fuellmich ne se retrouve dans les objectifs de l’initiative, qui appelle au contraire à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies, connus sous le nom d’Agenda 2030.

L’AFP a déjà vérifié diverses théories du complot autour du “Grand Reset” (la “Grande réinitialisation” en français) et de l’ONU (1, 2, 3).

Fuellmich affirme également que l’opération “Dark Winter” en 2001, un rapport de la Fondation Rockefeller en 2010 et l’Evénement 201 en 2019 ont ouvert la voie à la mise sur pied d’une “fausse pandémie”.

Ces trois choses consistaient en des projections et des spéculations sur des scénarios futurs, d’une pandémie à une attaque biologique par le virus de la variole en passant par des piratages informatiques. Il ne s’agissait cependant pas de prévisions, mais de simulations visant à améliorer l’appréhension des menaces et des problèmes qui pourraient survenir, ainsi que l’évaluation des ressources disponibles pour y faire face et le développement d’idées pour aboutir à des solutions.

L’Evénement 201 a déjà fait l’objet de vérifications par l’AFP (1, 2).

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