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Des dirigeants européens accusés de consommer de la cocaïne… à cause d’un mouchoir

Des dirigeants européens accusés de consommer de la cocaïne… à cause d’un mouchoir - Featured image

Author(s): Johanna Bouquet

Des images tournées par l’agence de presse AFP à l’occasion de la rencontre de plusieurs dirigeants européens dans un train de retour d’Ukraine ont été détournées lors d’une « opération de désinformation ». On y voit la rencontre du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer réunis autour d’une table, face aux caméras. Sur la table on voit un objet froissé et une sorte de « pique en bois ». Des publications devenues virales accusent les dirigeants d’avoir consommé de la drogue et d’avoir tenté de dissimuler une cuillère et un sachet de cocaïne. Il s’agit pourtant d’un mouchoir que le président français a pris entre ses mains. L’Elysée a dénoncé une opération de désinformation « propagée par les ennemis de la France ».

La visite des dirigeants français, britanniques et allemand à Kiev dans le cadre de la guerre en Ukraine a suscité de nombreuses spéculations sur les réseaux sociaux. Plusieurs publications sur les réseaux sociaux, devenues virales, accusent Emmanuel Macron, Keir Stramer et Fridriech Merz d’avoir consommé de la cocaïne dans leur train de retour de Kiev. Certaines publications pointent du doigt le dirigeant ukrainien, Volodymy Zelensky. Sur ces publications, deux objets sur la table sont mis en évidence comme étant un sachet de cocaïne. Il s’agit pourtant d’un mouchoir laissé sur la table que le dirigeant français prend dans sa main comme on peut le voir sur plusieurs autres images. L’Elysée a dénoncé une opération de désinformation « propagée par les ennemis de la France ».

Sur ce post Instagram ou encore sur celui-ci, les vidéos publiées sèment le doute sur une éventuelle « cuillère » et un potentiel « petit sac mystérieux » posés sur la table. Ces publications stipulent que Friedrich Merz et Emmanuel Macron auraient tenté de dissimuler face aux caméras venues filmer leur réunion « à l’improviste ». La première publication fait référence à un air suspect qui « trahissait une tension inhabituelle » qu’aurait eue le dirigeant britannique au moment où les caméras sont entrées.

Ici, la publication analysée par nos collègues de la VRT cumule près de 21 millions de vues sur X. Et sur celle-ci une mention explicite au président ukrainien Volodymyr Zelensky est faite, induisant l’idée selon laquelle il aurait des penchants pour la consommation de cocaïne. « Les trois dirigeants ont l’air complètement craqué », dit le commentaire sur cette publication. Pourtant, ces images tournées par l’agence de presse française, AFP, ne montrent pas d’images de sachet de cocaïne mais un mouchoir.

Comme le rappellent nos confrères néerlandophones, des contenus de désinformation sont également devenus viraux sur d’autres réseaux sociaux comme sur Tiktok.

On peut voir les images tournées par l’agence de presse française.

Ici, en zoomant sur l’image de l’AFP on peut distinguer qu’il s’agit bien d’un mouchoir sur la table.

Plusieurs angles de vue

Présente sur place, l’AFP a photographié et filmé la séquence : ses images montrent un mouchoir en papier et ce qui semble être une petite pique en bois.

L’agence de presse française n’était pas la seule à être présente pour filmer cette rencontre avec les dirigeants. C’est souvent le cas lors d’événements de presse important comme ce fut le cas ici dans le cadre de cette rencontre diplomatique importante.

Ici, l’agence de presse américaine Associated Press qui a également filmé ce moment. Comme souligné par nos collègues de la VRT, ici on peut clairement voir qu’il s’agit d’un mouchoir usagé et froissé.

Ajoutons qu’il est très courant que plusieurs agences de presse internationales filment ce genre de moment. Souvent, elles forment un « pool press » et alimentent les rédactions du monde entier en images afin que ces dernières réalisent leurs sujets, notamment pour les journaux télévisés.

Pour constituer leur sujet, les journalistes ont besoin de ce que l’on appelle des plans de coupe. Il s’agit d’images d’illustration pendant lesquelles il n’y a pas d’interview mais les protagonistes sont dans le contexte où l’événement se déroule et sur lesquelles les journalistes posent leur voix. Elles sont indispensables à la construction d’un sujet. C’est la raison pour laquelle on peut voir les dirigeants européens qui semblent prendre la pause devant les caméras. Cela ne traduit donc pas « une tension inhabituelle » comme le laisse entendre certaines publications.

Réaction de la présidence française

Ces accusations ont été dénoncées par la présidence française. Elle parle d’une opération de désinformation « propagée par les ennemis de la France » après la circulation massive sur les réseaux sociaux de publications accusant Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz d’avoir consommé de la cocaïne lors de leur récent voyage en Ukraine.

« Vigilance face aux manipulations », a mis en garde le palais de l’Elysée dans deux posts sur X, l’un en français l’autre en anglais, dans la nuit de dimanche à lundi. « Quand l’unité européenne dérange, la désinformation va jusqu’à faire passer un simple mouchoir pour de la drogue », a-t-elle dénoncé, en référence aux images abondamment partagées à l’appui des accusations.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a de son côté clairement pointé du doigt la Russie. « Nous vous voyons ! Tellement désespérés d’empêcher la paix en Ukraine que vous propagez maintenant des canulars flagrants », a-t-il réagi sur X en anglais.

Le chef de la diplomatie française a accompagné son message de captures d’écran de posts publiés par Kirill Dmitriev, l’émissaire de Vladimir Poutine pour les questions économiques à l’international, et de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les soutiens à Kiev, en particulier la France et Emmanuel Macron, sont régulièrement visés par des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux.

Dans un rapport publié début mai, Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a ainsi décortiqué près de 80 opérations menées par des « acteurs russes », ciblant le gouvernement ukrainien et ses alliés.

Les images filmées par les agences de presse montrent un mouchoir froissé sur la table et non un sachet de cocaïne.