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La grande distribution ne fait que 1€ de bénéfice sur un caddie de 100€ : vrai ou faux ?

La grande distribution ne fait que 1€ de bénéfice sur un caddie de 100€ : vrai ou faux ? - Featured image

Author(s): Marine Lambrecht et Guillaume Woelfle

Les agriculteurs sont en colère. En colère contre l’Europe, contre les gouvernements belge et wallon mais aussi contre la grande distribution, qui selon eux, exerce une trop forte pression sur les prix, les obligeant à vendre à moindre coût, voire à perte. La grande distribution se défend. La marge nette, soit le bénéfice final d’un supermarché, ne serait que de 1,30€ sur un caddie de 100€, indique Dominique Michel, le patron de Comeos, la fédération du commerce et des services en Belgique. Selon plusieurs experts et le SPF Economie, ce chiffre est vrai. Il est même surestimé : en 2022, la marge nette était de 0,91% pour le secteur de la distribution. Faky, l’équipe de fact checking de la RTBF, fait le point.

Le débat organisé par l’émission QR l’Actu ce lundi 29 janvier rassemblait deux acteurs du mécontentement actuel des agriculteurs. D’un côté Hugues Falys, porte-parole la Fugea, une fédération d’agriculteurs, et de l’autre, Dominique Michel, patron de Comeos, la fédération des entreprises du commerce et des services en Belgique.

Au cours du débat, un citoyen pose à Dominique Michel la question suivante : la grande distribution peut-elle réduire ses marges pour soutenir les revenus des agriculteurs ? “Les marges sont quasiment invisibles chez nous, répond Dominique Michel. Ce n’est pas Comeos qui le dit, c’est le SPF Economie : sur un petit chariot de 100€, le commerce gagne 1,30€, donc ce sont des marges beaucoup trop faibles et les marges des agriculteurs sont beaucoup trop faibles également ”, précise-t-il. Selon lui, “là-dessus, il n’y a pas moyen de travailler ”.

Comeos fait référence à une analyse réalisée en 2022 par le SPF Economie sur l’évolution des prix dans la chaîne alimentaire. Cette étude de 88 pages compare les prix dans les supermarchés entre la Belgique et les pays voisins, mesure l’évolution des prix de certains aliments de base et les marges nettes de différents secteurs de l’alimentation.

En page 79, nous retrouvons la marge nette du secteur du “Commerce de détail en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire”, autrement dit la grande distribution dont le code Nace (le numéro qui permet de classer les activités économiques) est 4711. Ces marges nettes sont calculées sur base des comptes annuels déposés par les entreprises à la Banque nationale chaque année et de statistiques TVA. Pour la grande distribution, en 2021, la marge nette était de 1,29%. Il s’agit bel et bien du chiffre cité par Dominique Michel sur le plateau de QR L’Actu.

Une version plus récente de cette étude a été publiée en 2023 par le SPF Economie. Celle-ci nous apprend qu’en 2022, la marge nette des entreprises est désormais de 0,91%. Autrement dit, sur un caddie de 100€, une grande surface ne dégage que 0,91€ de bénéfice après paiement des produits, des charges, des salaires et des impôts.

Cet ordre de grandeur est appuyé par l’avis d’un expert du secteur. “Pour le secteur, cette marge est aujourd’hui entre 0,80€ et 1€”, confirme Pierre-Alexandre Billiet, économiste et CEO de Gondola. Celui qui est aussi l’auteur du livre “Consommation de crise” indique qu’idéalement, cette marge nette devrait être à 3€.

Selon le SPF Economie, cette marge nette est à un niveau plancher depuis 2010. Cette marge, qui était à 3,65% à l’époque, a connu un maximum en 2012 à plus de 6% et ne fait que décroître depuis lors, malgré un rebond en 2020 lors du Covid.

Quelle est la structure des coûts des grandes entreprises de la distribution ?

Si les supermarchés font des marges nettes peu élevées, c’est notamment parce qu’ils doivent assumer de nombreux coûts. La plus grande part des dépenses sert à acheter les produits. Selon le SPF Economie, sur un chariot de 100€ payé par un client, 74,40€ servent à payer les fournisseurs du grand magasin. Autrement dit : cela paie les produits en eux-mêmes, mais aussi leur transformation, leur emballage, leur conditionnement et leur transport.

Pour faire simple, la boîte de soupe que vous payez 1€ dans un supermarché a été achetée 0,74€ par ce même supermarché à son dernier fournisseur. Le producteur de légumes, l’entreprise qui a transformé les légumes en soupe, l’entreprise qui a réparti la soupe en boîtes et l’entreprise qui a acheminé ces boîtes au supermarché se partagent donc 0,74€ sur chaque boîte.

La différence entre le prix de 0,74€ payé par le magasin et le prix de 1€ payé par le consommateur constitue la marge brute d’un magasin, à ne pas confondre avec la marge nette. En moyenne, la marge brute se situe autour de 25%, corrobore Gino Van Ossel, professeur à la Vlerick Business School et spécialiste belge du secteur de la distribution. Les 0,26€ de différence serviront donc, pour le magasin, à payer les deux autres grandes catégories de coûts.

Si on reprend notre chariot de 100 euros, le magasin utilisera environ 10,6 € pour payer le salaire de ses employés. Les 13€ restants serviront à payer tout le reste : le marketing, la communication ou les promotions, les coûts de réapprovisionnement des rayons, le coût des bâtiments, l’énergie et enfin les invendus. C’est en déduisant tout cela, et puis les impôts et taxes, qu’il ne reste que 0,91€ de bénéfices au grand magasin sur un caddie de 100€ ou moins d’un cent sur la boîte de soupe.

On peut illustrer la répartition des coûts avec une brique de lait. Selon les prix affichés sur les e-shop de quatre grands supermarchés belges (Colruyt, Delhaize, Carrefour, Aldi), un litre de lait demi-écrémé coûte en moyenne 1,35 euro. Comment est réparti cet argent ?

© Damien Hendrichs / RTBF

 

Sur une brique affichée à 1,35€, l’agriculteur peut espérer toucher environ un tiers du prix. Selon le dernier baromètre laitier du SPW Agriculture publié en novembre 2023, l’agriculteur vend, en effet, en moyenne 1 litre de lait à 0,42 €/litre. Mais une fois qu’il aura payé toutes ses charges, il ne lui restera plus que 17 centimes pour se payer un salaire. Il s’agit ici d’un ordre de grandeur car le prix du lait est très volatil.

Pour le reste, c’est plus flou. Si on applique la marge brute moyenne de 25% à notre brique de lait, cela signifie que le supermarché touche 34 centimes. Il reste donc 0,59€ qui sont répartis entre les différents intermédiaires.

Une marge nette moyenne qui cache des disparités

Ce chiffre de 0,91% de marge nette représente une moyenne entre magasins. Cela implique que certaines grandes surfaces réalisent un bénéfice plus élevé, mais d’autres ont une marge plus petite. Le SPF Economie, dans la même publication de 2023, nous renseigne sur la marge nette des 16 plus grandes entreprises du secteur en 2021 et 2022. Ces entreprises sont anonymisées par le SPF Economie.

On constate d’une part, qu’un certain nombre de ces grandes entreprises de la grande distribution affichaient une marge nette négative en 2021-2022. D’autre part, la marge nette moyenne de ces plus grandes entreprises du secteur est encore plus faible que celle de l’ensemble du secteur : 0,43%.

La stratégie pour arriver à une marge nette n’est pas forcément la même chez tous les supermarchés. Deux supermarchés peuvent ainsi réaliser des marges brutes très différentes et avoir une marge nette similaire. Pour l’illustrer, Gino Van Ossel détaille la stratégie des hard discounters, comme Lidl et Aldi. “ Leurs marges brutes sont plus faibles parce que, entre autres, ils vendent beaucoup moins de produits frais (ces produits frais impliquent généralement une marge brute plus élevée, voir ci-dessous) que les autres supermarchés. […] Par contre, le reste des coûts chez eux est beaucoup plus faible. Ils ont un chiffre d’affaires par mètre carré qui est assez élevé parce qu’ils offrent beaucoup moins de choix au consommateur. Ils ont aussi des systèmes qui sont beaucoup plus simples et donc ça leur permet d’obtenir une marge nette qui peut être très similaire à celle des autres acteurs. ”

La marge fluctue aussi d’un produit à l’autre

En plus de varier d’un magasin à l’autre, la marge fluctue aussi d’un produit à l’autre. En général, les supermarchés dégagent une plus grande marge sur les produits frais. “Si je vends des avocats ou des ananas, je dois jeter pas mal de marchandises parce que les produits frais ont une échéance. En plus, les consommateurs aiment les toucher, ce qui peut endommager la marchandise, qui ne pourra pas être vendue”, explique le professeur de la Vlerick Business School. Il pointe une autre explication : le stockage. Les produits frais ne peuvent pas être rangés dans des rayons en hauteur, comme c’est le cas pour les pâtes ou les biscuits par exemple. Il faut donc engager du personnel pour réapprovisionner les rayons en continu. “Pour les produits frais, on le voit, les coûts sont plus élevés. Donc évidemment, on a besoin d’une marge brute qui est un peu plus élevée”, poursuit-il.

Les marges sur les produits frais sont plus élevées pour les supermarchés, mais ça ne veut pas dire que les producteurs de ces produits peuvent facilement négocier leurs prix. Sauf quelques exceptions, les produits frais n’ont pas de “marques fortes”, selon Gino Van Ossel. Les marques fortes, en particulier celles détenues par des multinationales, comme Coca Cola, Nutella ou Lay’s, ont un pouvoir de négociation non négligeable pour faire bouger leurs prix et ceux de leurs concurrents.

Pour les fruits et légumes, il n’y a pas de marque forte. Donc ces fournisseurs doivent se contenter d’une marge qui est moins avantageuse pour eux

Gino Van Ossel, professeur à la Vlerick Business School et spécialiste belge du secteur de la distribution

De plus, comme l’explique Le Parisien, ces marques sont souvent achetées par les consommateurs, qui en connaissent le prix. Si les supermarchés s’écartent trop du prix de la concurrence, ils risquent de perdre le consommateur. Difficile donc d’augmenter la marge effectuée sur les produits de marque. “Pour les fruits et légumes, il n’y a pas de marque forte. Donc ces fournisseurs doivent se contenter d’une marge qui est moins avantageuse pour eux”, résume l’expert.

C’est ainsi que les producteurs de pommes ne s’y retrouvent pas forcément. Selon le Collège des producteurs contacté par Faky, 1 kg de pommes peut se vendre entre 0,35€ et 0,50€. Or, son coût de production est quasiment identique : entre 0,25€ et 0,53€. Dès lors, depuis 2010, les producteurs n’auraient connu que cinq années de bénéfice sur treize, estime le Collège des producteurs. Celui-ci indique qu’il faudrait que les producteurs les vendent entre 0,75€ et 0,85€ le kilo pour dégager une marge suffisante.

Il existe toutefois une règle à laquelle les supermarchés doivent se cantonner pour fixer leurs prix : ils ne peuvent pas vendre à perte. Cela veut dire qu’ils ne peuvent pas vendre un produit au prix auquel ils l’ont acheté. Avec quelques exceptions, lors des soldes par exemple, ou quand les produits sont périmés.

Des grandes surfaces en danger avec seulement 1% de bénéfice ?

Ce bénéfice final de 1% pour les supermarchés est contre-intuitif pour le grand public qui imagine plutôt une grande distribution réalisant d’importants bénéfices. Et d’une certaine façon, cette vision-là est vraie aussi car les montants en jeux sont énormes. Le SPF Economie indique que le secteur de la distribution réalise 30,8% du chiffre d’affaires de l’économie privée en Belgique. Il s’agit donc de dizaines de milliards d’euros de chiffre d’affaires chaque année sur lesquels 1% suffit à dégager un bénéfice respectable.

Une vision que conteste Pierre-Alexandre Billiet. “C’était vrai dans les années 80, dans une logique de surconsommation où l’on vend un maximum de volumes. Mais dans une société de consommation raisonnée, où l’on doit limiter le gaspillage alimentaire, on ne peut plus raisonner comme cela. La grande distribution doit apprendre à vendre moins mais à vendre mieux. Si elle ne le fait pas, elle sera rattrapée par ce qu’on appelle les externalités négatives et les normes (liées au gaspillage, à la pollution…) qu’elle devra payer et qui réduiront ce bénéfice sur de gros volumes.”

Pour illustrer cette surconsommation, l’économiste pointe le gaspillage et cite un rapport du WWF de 2022. “Au niveau individuel, nous gaspillons en moyenne 37 kg de nourriture par personne chaque année, dont la plupart sont des fruits et des légumes. Le Belge moyen jette donc directement à la poubelle un tiers de son budget shopping.” Un tel niveau de gaspillage, s’il est réduit, ne permettrait alors plus de réfléchir en termes de petites marges sur de grands volumes pour assurer une rentabilité aux magasins.

La grande distribution a beaucoup d’argent mais cet argent n’est pas à lui.

Pierre-Alexandre Billiet, économiste et CEO de Gondola

Pour l’auteur du livre “Consommation de crise”, c’est ici que se pose la question de la rentabilité du secteur avec seulement 1% de bénéfice. “Le secret, c’est le fonds de roulement négatif. Les supermarchés paient souvent leurs fournisseurs 30 jours, 60 jours ou 90 jours après la livraison. Or le client paie, lui, au moment où il achète. Donc la grande distribution a beaucoup d’argent, entre le paiement par le client et le paiement au fournisseur, mais cet argent n’est pas à lui.”

Ceci n’empêche pas Pierre-Alexandre Billiet d’être inquiet pour la grande distribution. “Aujourd’hui, on parle des agriculteurs en rue, et pour qui la situation est en effet insupportable. Mais le jour où la grande distribution décide de se révolter parce que leurs marges sont devenues intenables aussi, là on aura un réel souci.” Car selon l’économiste, la grande distribution est elle aussi, comme les agriculteurs, un acteur sociétal à préserver.

“Si la grande distribution s’arrête et descend dans la rue, on n’aura tout simplement plus accès à l’alimentation parce qu’elle ne sera plus disponible dans les magasins. Et donc tout le monde, de l’agriculteur au consommateur a intérêt à soigner chaque partie de la chaîne de valeur.”

Qui s’enrichit si ce n’est ni le producteur ni la grande distribution ?

Si la grande distribution ne se dégage pas d’énormes marges, et si les agriculteurs s’estiment à la corde (ils gagnent en moyenne 96% du salaire brut moyen en Belgique, selon le Service Public de Wallonie), qui s’enrichit vraiment de la fourche à l’assiette ?

Si l’on connaît, parfois, le prix de vente des agriculteurs et la marge nette moyenne des grandes surfaces, il est difficile voire impossible de savoir précisément qui sont les intermédiaires et quelles sont leurs marges. “D’abord, parce que ce sera très différent d’un produit à l’autre, pointe Pierre-Alexandre Billiet. Ensuite, parce que la chaîne d’approvisionnement peut fluctuer dans le temps. Enfin, parce que chaque distributeur peut avoir une chaîne d’approvisionnement différente.”

Une liste non exhaustive et dans le désordre pourrait comprendre le grossiste qui achète le produit à l’agriculteur, l’entreprise de transformation de produit qui va calibrer les bons aliments, rejeter les autres et transformer le tout. Une autre entreprise pourrait être active dans la mise en contenant et enfin une autre dans le stockage et la distribution aux grandes surfaces.

Pour Comeos, c’est l’industrie alimentaire qui est à pointer du doigt car c’est elle qui achète les plus gros volumes aux agriculteurs. “Sur le lait par exemple, 80% de ce qui est produit est vendu à l’industrie alimentaire. Nous, on achète qu’une petite partie. Même chose pour tout ce qui est grains et céréales”, expliquait Dominique Michel sur le plateau de QR L’Actu.

Une hypothèse que ne retient pas forcément Pierre-Alexandre Billiet. “Les multinationales font effectivement des marges plus qu’appréciables. C’est le cas au niveau international de Mondelez, par exemple. Mais Mondelez, Kraft ou Nestlé font peut-être beaucoup de profit au niveau mondial dans d’autres marchés comme dans les pays émergents, mais ce n’est pas vraiment le cas en Belgique.”

Ce sont surtout les entremetteurs qui s’en mettent plein les poches.

Pierre-Alexandre Billiet, économiste et CEO de Gondola

Pour le CEO de Gondola, “ce ne sont pas nécessairement les acteurs économiques réels (dont l’agroalimentaire, ndlr) qui ont des marges importantes.” Pierre-Alexandre Billiet pointe ici des fonds d’investissement qui spéculent sur les marchandises, surtout des matières premières non périssables comme les céréales.

“Aujourd’hui, ce sont surtout les entremetteurs qui s’en mettent plein les poches. Ce sont des fonds d’investissement en matière première qui vont interagir sur les produits. Je donne un exemple dans mon livre : ‘Teucrium Fonds’et ‘Invesco DB Agriculture Fonds’, deux des plus grands fonds mondiaux en matière première, ont investi 197 millions de dollars en matière première alimentaire. Début 2022, cet investissement était valorisé à 1,2 milliard d’euros. Et ces deux fonds ensemble possèdent plus de la moitié de la consommation de blé anglais.”

L’objectif de ces fonds est d’acheter des matières premières à des producteurs lorsque les prix sont bas et les revendre aux grossistes lorsque les prix ont monté. C’est tout simplement la bourse. Ce constat déjà fait par le passé par Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté est donc répété par l’économiste Pierre-Alexandre Billiet.

“Ces fonds d’investissement, ou plutôt de spéculation s’enrichissent avec l’argent du consommateur, puisque c’est le consommateur qui in fine paye le prix plein en magasin. Et dès lors, on peut se poser la question : est-ce que l’agriculture et l’alimentation de base doivent être un produit soumis aux lois économiques d’un marché libéralisé ?”

Il s’avère donc que la grande distribution ne dispose pas de marges suffisantes pour augmenter le prix de revient des producteurs. Si Dominique Michel, le patron de Comeos, estimait à 1,29€ la marge nette des grandes surfaces, celle-ci est en réalité encore plus faible à 0,91€, mais reflète mal d’importantes disparités dans le secteur.

Quant aux autres acteurs de la chaîne alimentaire qui interviennent entre le producteur et le supermarché, il est difficile de connaître les marges réalisées. Selon nos intervenants, ce ne seraient en tout cas pas eux qui feraient les plus grandes marges. Des marges qui expliqueraient les problèmes actuels des agriculteurs, et peut-être, les problèmes futurs de la grande distribution.