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Non, les essais cliniques du vaccin anti-Covid de Pfizer ne portaient pas sur la transmission du virus

Non, les essais cliniques du vaccin anti-Covid de Pfizer ne portaient pas sur la transmission du virus - Featured image

Author(s): Grégoire Ryckmans

Une représentante de Pfizer a-t-elle “admis” que son entreprise avait commis une erreur en indiquant que le vaccin développé par la société pharmaceutique pour lutter contre le Covid-19 n’avait “jamais été testé sur la prévention de la transmission” du virus ? De nombreuses publications sur les réseaux sociaux affirment, en effet, que Pfizer aurait menti au sujet des résultats de ses tests cliniques. Cependant, cette affirmation est inexacte. En effet, les essais cliniques des vaccins en vue d’obtenir leur autorisation sur le marché visaient à établir leur sûreté et leur efficacité sur la prévention des formes graves de la maladie. La capacité du vaccin à prévenir la transmission du coronavirus a été évaluée plus tard car il s’agissait à l’époque, avant tout, de pouvoir fournir une réponse rapide à la pandémie.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses publications dénoncent un “mensonge” de la part de Pfizer. Selon plusieurs internautes et des politiciens français, dont Florian Philippot, la firme pharmaceutique aurait menti puis aurait “avoué” que son vaccin développé contre le Covid-19 n’avait pas été testé sur ses capacités à prévenir la transmission du virus d’un individu à l’autre.

Sur Twitter, le hashtag #pfizergate a rassemblé des milliers de publications. Ce mot-clé fait également référence à d’autres accusations portées contre le fabricant du vaccin, concernant la qualité de certains de ses essais cliniques en novembre 2021.

Dans ces nouvelles publications pointant le géant pharmaceutique, des Tweetos ont dénoncé ce qu’ils appellent un “mensonge d’État”. Ces publications ont généré des milliers de partages et de “likes” en français, mais aussi en anglais et dans plusieurs autres langues.

Des extraits vidéos d’une responsable de Pfizer répondant à des questions de parlementaires européens circulent notamment sur Instagram ou TikTok. Dans les tendances sur Twitter, le réseau à l’oiseau bleu indique que le mot “Pfizer” rassemble 154.000 Tweets.

Un extrait vidéo publié par le député européen Rob Roos interrogeant une représentante de Pfizer au Parlement européen lors d’une audition le 10 octobre 2022 a recueilli plus de 12 millions de vues sur Twitter.

Capture d’écran Twitter

Dans cet extrait, le politicien appartenant au JA21 (un parti néerlandais de droite conservatrice membre du groupe parlementaire européen CRE, les “Conservateurs et réformistes européens”) dénonce la façon dont le passeport vaccinal européen a été mis en place par la Commission européenne. Pour lui, le fait “qu’au moment de son introduction, le vaccin n’ait pas été testé sur sa faculté à stopper la transmission du virus enlève toute base légale à la mise en place du passeport vaccinal”.

Dans la foulée, il présente une séquence dans laquelle il interroge Janine Small, Présidente des marchés internationaux développés pour Pfizer. Cette dernière était interrogée lors d’un débat intitulé “Covid-19: débat avec des représentants de l’industrie pharmaceutique“, dans le cadre de la “Commission spéciale sur la pandémie de Covid-19” du Parlement européen.

Mme Small répond à la question posée par le député européen : “Est-ce-que le vaccin de Pfizer contre le Covid a été testé sur (ndlr: sa capacité) à stopper la transmission du virus avant son arrivée sur marché ?”. Sa réponse : un “non” clair. Elle explique ensuite : “Nous devions réellement avancer à la vitesse de la science pour vraiment comprendre ce qui se passe sur le marché”.

Ensuite, Rob Roos déclare face caméra que ceci est “scandaleux” et que “des millions de personnes dans le monde se sont senties forcées de se faire vacciner à cause du mythe ‘vous le faites pour les autres’. Maintenant il apparaît qu’il s’agissait d’un mensonge éhonté. Cela devait être dénoncé”.

Des études qui portaient sur l’efficacité contre les infections sévères et les hospitalisations

Pourtant, ces informations ne sont pas neuves. En effet, dès novembre 2020 et la présentation des premiers résultats de l’essai de “phase 3” de son vaccin développé contre le Covid-19, Pfizer avait annoncé que celui-ci était efficace à “90% pour prévenir les infections à Covid-19”. Il s’agissait donc de la prévention des symptômes, de l’infection donc, et non de résultats sur la prévention contre la contamination.

En décembre de la même année, la FDA (Food and Drug Association) américaine indiquait par ailleurs dans son autorisation provisoire d’utilisation du vaccin de Pfizer qu’il n’y avait “à ce stade”, pas de “preuve que le vaccin permette de prévenir la transmission du SARS-COV-2 d’une personne à une autre”.

Le résumé d’une étude sur ce vaccin indiquait alors clairement dans une section consacrée aux “questions qui subsistent” sur ce dernier, le fait de savoir “si les vaccins protègent contre les infections asymptomatiques et contre la transmission aux non-vaccinés”.

Au mois de mars 2021, la rédaction de Faky écrivait ceci dans un article consacré au sujet de l’efficacité des vaccins sur la transmission du virus : “si les performances des vaccins actuellement utilisés ont été prouvées dans le cadre de la prévention des cas symptomatiques, les fabricants de vaccins comme Pfizer, Moderna ou AstraZeneca ont reconnu lors de la mise en circulation de leurs vaccins que les effets de ceux-ci sur les contaminations devaient encore être étudiés”.

En bref, les essais cliniques qui visaient à tester l’innocuité et l’efficacité du vaccin n’ont pas été conçus pour tester ses effets sur la transmission du virus, notamment parce que la taille et la durée des essais auraient dû être plus importantes et plus longues et que l’objectif principal était de prévenir les formes graves de la maladie et les décès.

Quelle est l’efficacité du vaccin de Pfizer sur la transmission du Covid-19 ?

Cela veut-il pour autant dire que les vaccins développés par Pfizer contre le coronavirus ne limitent pas la transmission du Covid-19 d’un individu à un autre ? Cette capacité à prévenir la transmission du SARS-CoV-2 n’a-t-elle fait l’objet d’aucune analyse scientifique depuis lors ?

En fait, plusieurs études ont été menées sur la faculté à prévenir la transmission du virus depuis le lancement du vaccin. Parmi celles-ci :

  • Une étude de l’agence de santé anglaise publiée en avril 2021 indiquait que : “Les personnes infectées par le virus trois semaines après avoir reçu une dose de vaccin sont de 38% à 49% moins susceptibles que celles n’ayant pas été vaccinées de transmettre le virus aux membres de leur foyer.”
  • Un court rapport publié en juillet 2021 dans la revue de médecine anglophone “Inflammopharmacology” a résumé les premiers résultats sur l’efficacité de divers traitements contre le Covid-19 en matière de prévention de la propagation du virus. Les scientifiques ont constaté que le vaccin pouvait empêcher la transmission du virus, en expliquant : “L’hypothèse moléculaire qui sous-tend ces résultats, suggère que chez le sujet vacciné et positif au Covid, le virus peut être présent, structurellement intact, mais immédiatement recouvert d’anticorps du sujet, qui rendent le virus incapable d’infecter d’autres personnes”.
  • En octobre 2021, une étude anglaise indiquait dans ses conclusions : “Bien que les vaccins restent très efficaces pour prévenir les maladies graves et les décès dus au Covid-19, nos résultats suggèrent que la vaccination n’est pas suffisante pour prévenir la transmission du variant Delta dans les ménages avec des expositions prolongées”.
  • Début novembre de la même année, l’OMS indiquait que le variant Delta réduisait “à 40% l’efficacité des vaccins contre la transmission de la maladie”.
  • Le New England Journal of Medicine s’est penché sur la question dans un article paru en janvier 2022 et a constaté également que la vaccination contre le coronavirus prévenait mieux la transmission en ce qui concerne le variant Alpha comparé au variant Delta.

L’apparition des variants a, en effet, eu une influence globalement négative sur l’efficacité des vaccins, notamment en matière de transmission du virus d’une personne porteuse à l’autre. C’est notamment la raison pour laquelle de nouveaux vaccins ou boosters, qui “ciblent le sous-variant d’Omicron BA.1 en plus de la souche originale” ont été autorisés puis mis sur le marché en Europe.

En Wallonie et à Bruxelles par exemple, la dose de rappel proposée à la population a été développée pour lutter également contre le variant Omicron BA4 et BA5.

Rien de neuf dans les déclarations des dirigeants de Pfizer

L’indignation de certaines personnalités politiques et de personnes opposées à la vaccination suite aux réponses fournies par une responsable de Pfizer devant le Parlement européen devant ce qui est qualifié de mensonge ne repose pas sur des faits.

La firme pharmaceutique n’a jamais prétendu avoir fait des essais cliniques sur la transmission de virus car le premier objectif était de prévenir les formes graves du Covid-19 et de pouvoir commercialiser son vaccin rapidement. Pour des raisons de santé mais aussi pour des raisons commerciales.

Plusieurs études ont par ailleurs mis en évidence une certaine efficacité du vaccin de Pfizer contre la transmission du Covid-19 d’un individu à l’autre. Cette efficacité dépend cependant de nombreux facteurs et a été impactée par l’apparition de nouveaux variants.